• Une bonne petite baston à l'ancienne, ça vous dit ? 1 contre 1... attention, le premier qui triche, il dégage ! Hey, la femme aux légumes, ici ! Ton visage féroce en ébranlerait plus d'un, mais je suis en acier en plus d'être un mec cool. Je te laisse commencer ! (Elle lui envoie un coup de poing surpuissant) Ouuuh... qu'est-ce que tu fais dans la vie ?

  • Je suis une pauvre paysanne.

  • C'est trop dangereux pour toi. Allez, je suis gentil, sauve-toi !

  • Vas te faire soigner !

  • En plus, madame la ramène ! Tu as de la chance d'être une femme sinon... Hey toi, le nabot ! La tronche de cake qui gobe les mouches ! Allez, viens t'éclater. Allez, te cache pas ! Ce sera pas long ! (Le nabot se lève, et s'avère être très grand) Haaa, t'écoutais pas ou quoi ? On dit, le premier qui triche, dehors ! Assis ! Hey toi ! C'est moi que tu regardes comme ça derrière tes carreaux ?! Viens voir ! (Il est méga baraqué) Naaan ! C'est pas à toi que je parlais ! C'était en fait au gamin là ! Ouais toi ! Sale mioche, tu m'as énervé ! Viens là que je te corrige ! Nan, c'est bon, ça ira ! Personne ? Bande de trouillards ! Sérieux, vous me faites pitié là ! Bon allez, on annule, je me casse !



En 2005, le genre du kung-fu maintes et maintes fois reproduits à travers les années vient à prendre un sacré coup de changement de direction avec une proposition frénétique où la comédie vient se joindre à des grands et puissants duels à coups d’effets numériques et des grands n'importe quoi. Réalisé et joué par Stephen Chow, qui à l'époque vient à exploser le cinéma traditionnel asiatique en proposant une version plus incongrue et extravagante du genre. Une proposition culottée venant faire écho à son précédent film Shaolin Soccer, une oeuvre elle aussi auto dérisoire qui démontre le talent certain de ce cinéaste aux propositions hors du commun. Avant de regarder Crazy Kung-Fu pour la première fois, il est capital de saisir la nuance rocambolesque du projet, car c'est un joyeux et bestial foutoir qui s'amuse de tout et captive notre attention grâce à un ingénieux mélange de genres ayant du caractère, qui de par sa spécificité avec son concept assez singulier ne plaira pas à tout le monde.


À mi-chemin entre un western-spaghetti et un film dans la digne lignée de l'industrie Shaw Brother, avec un aspect mafieux à la Francis Ford Coppola, où le parodique bas son plein et où le minimalisme n'existe pas. Bien que le second degré puisse risquer de nous agacer à la longue il n'en est rien de par son cadre totalement adapté sur un récit bien écrit. En parlant d'histoire, il faut reconnaître que derrière cette direction où la dérision fait force de loi, se cache un scénario élaboré qui s'affranchit de son excentricité et arrive même à se révéler adroit. C'est ainsi qu'on se retrouve plongé dans une Chine des années 50, cruelle et dangereuse, où les gangs règnent en maîtres. Parmi tous ces gangs il y a celui des ""haches "" le plus dangereux, impitoyable et tortionnaire de tous, qui étend sa domination en prenant le contrôle de tous les territoires, sauf d'un vulgaire et miteux cartier composé de losers qui ne paye pas de mine mais qui se révèle être de puissant combattant (dans le même genre que la bd Astérix et Obélix) contre lesquels le gang des haches se retrouve démuni. Et c'est dans ce bourbier qu'un jeune arnaqueur incarné par Stephen Chow, va se retrouve confronté à ce bordel.


Les séquences de combat son juste dingue, on atteint des bastons dignes d'un manga avec des techniques de combat surpuissants et tout aussi ridicules, capables de flamboyantes destructions mais également d'esthétisme douteux. L'on assiste à des puissants coups capables de faire voler des gens à des centaines de mètres de haut, à des techniques pouvant faire appel aux morts, ou de se transformer en amphibien... le tout avec efficacité. L'on pourrait croire que toute cette histoire mise en place n'est en fait qu'un prétexte pour mettre en scène de grand duel d'arts martiaux mais il n'en est rien.




  • Dans le monde du kung-fu, la vitesse définit le vainqueur.



Stephen Chow nous offre une vision très accomplie et personnelle avec un aspect esthétique engageant et une mise en scène capable de mettre en place plusieurs niveaux de lecture, c'est violent mais ça en devient une propre critique efficace de sa propre décadence. Cette agressivité est bien employée tout du long et totalement magnifiée, mais elle se trouve à chaque fois atténuée car ridiculisée. Les personnages uniques et dérisoires que sont les protagonistes principaux viennent également dédramatiser avec plaisir certaines séquences s'en pour autant faire tomber le récit dans le néant, et en cela c'est du génie. Une bizarrerie pleine de singularité pourvu d'une mise en scène efficace avec des décors et des costumes superbes. La bande-son est dans une veine rocambolesque, calme et fine pour se transformer en une explosion instrumentale digne d'un grand orchestre qui colle formidablement avec les situations cocasses.


Le développement très poussif des personnages atteint une surprenante particularité avec des protagonistes pour la plupart, moche, gros, vieux, abrutis... (en gros les délaissés du cinéma actuel) ce qui laisse une place de choix à la partie comédie, tant ils sont tous peu orthodoxe. La proposition comique de certains gags tient du génie avec une texture tirée des mangas ou autres animés extravaguant avec des déformations de visages pendant certaines séquences d'exclamation, où le physique vient à atteindre des prouesses abusives pour décrire une situation exclamative. Exemple avec l’extravagante course-poursuite entre Stephen Chow et la patronne propriétaire qui se transforme en une course-poursuite digne d'un bip-bip ou Sonic avec des jambes qui viennent à former un cyclone de tournoiement tant ils vont vite. C'est génial et hilarant ! Fallait oser, c'est original.


Le casting est composé pour la plupart de grand acteur de l'époque des années 70, avec des comédiens comme Siu Lung Leung, Wah Yuen, ou encore Qiu Yuen... On sent que le réalisateur a voulu leur rendre un hommage. Mais le meilleur vient sans aucun doute des héros et autres méchants abritant ce récit qui sont tellement loin des clichés tant ils frôlent le grotesque et l'originalité. À mon avis, ils ont bien dû se marrer en faisant ce film. On a droit à une vieille mégère radine et violente au cri destructeur, à une perverse satire et obsédée, à un trio de guerrier tous plus ahurit les uns des autres, et un héros complètement à côté de la plaque tout le temps au mauvais endroit au mauvais moment. Le pompom revient au gang des haches qui me scie en deux tant ils sont trop drôles. Je vous dis que je me suis payé des sacrés tranches de rires devant certaines séquences.


CONCLUSION:


Stephen Chow livre une fresque incongrue démesurée qui si au premier abord peut faire peur, finit par nous emporter dans sa folie furieuse. À certain égard, Crazy Kung-Fu est l'un des films les plus originaux que j'ai pu voir à ce jour. Stephen Chow est un génie et il le prouve en mettant en avant un univers cartoonesque qui jamais ne tombe dans sa propre auto dérision.


Vous avez envie de passer un bon moment de détente, de rigoler et d'en prendre plein les mirettes, et bien regarder ce film !




  • Tuez-les tous et faites de cet endroit un bordel !


B_Jérémy
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le 16 févr. 2019

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