Après avoir prouvé au monde qu’il était un esthète de génie, Lars Von Trier décide au milieu des années 90 de démontrer qu’il est aussi un auteur compétant. Et pour cela il va se lancer dans la réalisation d’une trilogie qui mettra les canaux lacrymaux des spectateurs à rude épreuve.
Dancer in the Dark est l’apogée de ce processus. Et quand on voit le film on ne peu s’empêcher d’imaginer Lars un an auparavant voyant les frères Dardenne gagner la palme D’or pour cette saloperie de Rosetta. « Ah d’accord! c’est comme ça! Et bien je vais leur en montrer moi un personnage brisé par la vie qui sacrifie tous ce qu’elle a pour les siens et se fait broyer par la société! »
L’occasion étant idéale, il va en profiter pour rendre hommage au vieux films Hollywoodiens qui avaient pour seule fonction de faire pleurer dans les chaumières. Et comme il sait que son film est inattaquable il va se lancer dans des parti-pris complètement tarés. Non content d’avoir convaincu Björk de se laisser diriger par lui, il va prendre Deneuve dans le rôle d’une prolo (j’ai récemment lu dans une interview de la grande Catherine que Lars destinait le rôle à une actrice afro-américiane), et surtout entreprendre tout un travail sur l’image vidéo, que seul Barbet Schroeder a égalé à son époque.
Le résultat est un tel mélange de cynisme et d’expérimentation qu’il en devient fascinant. Et le pire c’est que Lars a démontré qu’il était plus fort que tout le monde, vu que ce film lui a valut sa (et sans doute seule) Palme d’or (remis par Besson, c’est pour dire).
Heureusement il a ensuite mis fin à ce petit jeu, et repris les choses sérieuse. Et depuis il a cessé de mettre ses personnages féminin en position de victime, pour en faire les juges, voir les bourreau de la saloperie humaine.