De Gaulle de Gabriel Le Bomin


Le cinéma français s'est rarement intéressé au personnage de de Gaulle, sans doute effrayé par son côté "statue du Commandeur", au contraire de son homologue britannique qui a portraituré le pittoresque Churchill sous toutes les coutures. Le second est bien entendu plus romanesque que le premier, figé dans une posture historique intimidante. La bonne idée du film de Gabriel Le Bomin est de s'en tenir à quelques jours de l'an 40, quand l'obscur militaire devint une légende et un symbole que les Français se plaisent à évoquer comme image de l'époque plutôt que les membres du sinistre gouvernement vichyste. Point de lyrisme cependant dans ce De Gaulle mais une sobriété un peu scolaire qui n'apprendra rien à ceux qui connaissent un tant soit peu cette période. Pas de passion dans les échanges entre Chruchill et de Gaulle, peu de fièvre dans les affrontements entre le Général et Pétain. De l'intensité, il n'y en a guère, tu parles, Charles, et même le passage à la BBC ne suscite que peu d'émoi. Pour contrebalancer cette absence d'émotion, le film se tourne vers la vie intime de de Gaulle et le couple fusionnel qu'il formait avec sa chère Yvonne. On s'éloigne quelque peu de la figure du politique, en forçant quelque peu sur la corde sensible, ce qui est parfois gênant, et peut-être un peu hors sujet, et contribue de la volonté de vouloir absolument humaniser un personnage, par ailleurs plutôt froid. Lambert Wilson ne démérite pas dans le rôle-titre, ,ne recherchant pas systématiquement l'imitation mais il est parfois piégé par une certain emphase. Isabelle Carré, elle, joue son rôle avec talent et abnégation, sans doute assez proche d'une Yvonne, bien calée dans l'ombre du grand homme.

Cinephile-doux
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le 4 mars 2020

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Cinéphile doux

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