Il faut sauver le soldat Marvel

Avec ce Deadpool, Marvel agit un peu de la même façon que M6 avec Garde à vous ! (série de téléréalité que les heureux non connaisseurs doivent s'abstenir de regarder). Le principe est simple : montrer à l'écran un produit qui représente l'exact opposé des valeurs que l'on promulgue pendant le reste de nos diffusions. Pour le cas de M6 c'est bien simple : alors que la chaîne vante l'individualisme en décrivant les femmes comme des êtres hystériques et avides de consommer par exemple, celle-ci prend le contre-pied de la critique qui lui est opposée en montrant un programme tout aussi réactionnaire mais louant les mérites du service militaire, ode à l'entraide (mais heureusement, toujours pas à la réflexion, il faut pas abuser)...

Pour Deadpool, le principe est un peu le même et cela aurait pu me ravir. Les soi-disant super héros Marvel ne m'ont jamais passionné donc l'idée de se moquer allègrement de cet héritage avait le mérité d'éveiller ma curiosité. Il fallait bien s'en douter, le film ne risquait pas d'être bien subversif et c'est donc sans attente particulière dans ce domaine que je me suis lancé à l'assaut de cette (pas si) superproduction Marvel.

Le premier point que l'on peut observer est combien le film est moche. La photographie n'est franchement pas travaillée et les effets spéciaux sont totalement hideux. Néanmoins, alors que j'avais des craintes quant à Ryan Reynolds, ce dernier, sans être bon acteur pour autant, parvient à ne pas être trop mauvais. Le personnage qu'il incarne inspire quelle que peu la curiosité et il faut bien admettre que voir un anti-héros comique, c'est plutôt agréable.

Toutefois, le grand défaut de ce Deadpool est le manque de variété. Si la scène d'ouverture est particulièrement réussie avec cette caméra qui suit les ordres du personnage, l'abus de cette technique tout au long de l'œuvre finit par lasser. Pourtant, ce n'est pas au niveau formel que ce manque de diversité dérange le plus, mais bien sur le fond. Que le scénario puisse tenir sur un simple ticket de métro, pourquoi pas, cela a pu marcher dans d'autres genres finalement pas si éloignés (Mad Max ou Duel par exemple). Pour autant, inutile d'asperger le spectateur d'une histoire d'amour complètement débile avec une Morena Baccarin qui n'a pour elle que ses formes pour justifier sa présence devant la caméra.

Bien pire encore, l'humour est bien trop puéril et s'il nous fait sourire poliment pendant les quinze premières minutes, une fois celles-ci passées, c'est bien trop rarement que j'ai pu me surprendre à rire (la réflexion sur un certain acteur américain qui serait un mauvais père de famille est quand même vraiment sympa). Pour le reste, multiplier les vannes sur le manque de budget, les anciens super-héros, ou encore tout ce qui se trouve en dessous de la ceinture, ça va deux minutes mais quand cela devient le fil conducteur du récit, c'est bien plus gênant. L'exemple typique de cet humour qui ne fonctionne pas est le gérant du bar qui se contente à chacune de ses apparitions de réciter des réflexions qu'un adolescent de 14 ans aurait pu sortir. De même, voir un meuble (acheté en kit auprès d'une célèbre marque suédoise ne payant pas ses impôts) monté par une vieille femme aveugle se détacher, franchement, qui est-ce que cela fait rire ?

A l'image de ces X-Men complètement inutiles, Deadpool ne parvient pas vraiment à convaincre et ne réconcilie pas davantage ceux qui, comme moi, n'étaient pas des adeptes de l'univers Marvel auparavant.