La reconstitution est de qualité, et l’on s’amuse assez devant les péripéties d’un garagiste tour à tour meneur révolutionnaire, tête pensante (enfin…) d’un complot politique et pharaon d’Égypte. Le ton bon enfant trouve dans ces décors de bande-dessinée, tout droit tirés d’un album d’Astérix et Obélix, un potentiel ludique similaire à celui que délivrerait un parc d’attractions. Et que dire des anachronismes, sinon qu’ils sont, pour certains, savoureux et, pour bon nombre d’entre eux, balourds ? Jean Yanne, ici en charge de l’écriture, de la réalisation et de l’interprétation d’un conducteur de char, a la main lourde ; il martèle blagues et intertextualités sans prendre le temps de les inscrire dans l’époque où elles voient le jour, aussi absurdes soient-elles. En résulte une impression de grand n’importe-quoi qui élude totalement le propos du métrage, si propos il y a. Car si la farce bénéficie d’atouts majeurs, à commencer par le formidable duo Michel Serrault / Mimi Coutelier, sa couche idéologique écrase la reconstitution et tend à la réduire au prétexte d’un déchaînement de valeurs d’extrême-gauche vraiment pénible. Non que le cinéma n’ait pas le droit d’affirmer ses croyances ; il y a, seulement, une manière de le faire. Et que la manière privilégiée par Yanne est des plus grossières puisqu’elle crée des échos entre deux périodes de l’Histoire qui n’ont que peu à voir l’une avec l’autre. Deux Heures moins le quart avant Jésus-Christ souffre aujourd’hui de son postulat même, à savoir greffer sur Rome les références culturelles dans lesquelles il a vu le jour, ce qui le rend, à l’instar de la société de consommation qu’il dénonce, périssable. Reste une comédie originale et bien réalisée.