A chaque fois que Tarantino sort un niveau film, c'est un petit événement dans le monde du 7ème art. Le réalisateur de l’excellent "Reservoir dogs" s'attaque cette fois au monde du Far West, et qui dit Far West dit Western. Tarantino avait déjà plus ou moins exploité la thématique du western dans "Kill Bill", film rendant hommage aux films samouraï sur fond de vengeance digne d'un Western Leonien. Il décide cette fois de réaliser un "vrai" western, avec tout ce qu'il faut de Cow-boy et de revolver. Le réalisateur reprend pour cela le nom de "Django", personnage mythique de Sergio Corbucci reprit à maintes reprises dans des rôles divers et variés. Alors, Tarantino et Western, une recette qui fonctionne ?

Un esclave du doux nom de Django doit sa liberté à un dentiste quelque peu particulier. En effet le Docteur King Schultz s'avère être en réalité un chasseur de prime. Ce "docteur" va faire à Django "une offre qu'il ne pourra pas refuser" : en échange de son aide à la réalisation d'un contrat, Schultz promet à Django de libérer sa belle et tendre des mains du terrible propriétaire terrien Mr Candyman. Commence alors une odyssée sanglante qui sent la poudre ...

L'histoire de "Django Unchained" exploite un thème classique du Western : la vengeance. "Django Unchained" est donc classique de part son scénario. Ce qui fait toute la différence, c'est bien sur la patte inégalable de Tarantino.
Le réalisateur revisite l’Amérique ante-guerre de sécession de la même façon dont il s'était approprié la seconde guerre mondiale d' "Inglorious basterds". C'est à dire que les historiens purs et durs pourraient surement retrouver a dire sur certains points de "Django unchained", mais mis à part cette minorité d'éternel insatisfait, ça reste jubilatoire et à peu près crédible (du moins pour Django Unchained).
Le périple de Django et de son compère chasseur de prime, divisé en deux parties distinctes, est bien pensé globalement, avec un rythme agréable et fluide. On pourra toutefois lui reprocher quelques longueurs, mais rien de bien gênant. Quoi qu'il en soit, sur le plan scénaristique ça reste du pur Tarantino.

Le film est servi par une bande originale d'exception. Pas surprenant venant de Tarantino. L'ambiance musicale fait une nouvelle fois mouche. Aucun morceau n'est a jeté. Il réussi à associer musiques "classiques" de western ("Django", "The Braying Mule" ou encore "Un Monumento") et morceaux modernes totalement anachroniques tels que "100 Black Coffins" ou "Unchained" (2 morceaux de rap). C'est un pur bonheur pour les tympans.

Concernant le casting, c'est là aussi une franche réussite. On retrouve l'incroyable Colonel Hans Landa (Christoph Waltz) dans un rôle de "gentil" cette fois ci. Waltz change de camp, mais son talent reste intact. Quel jeu, quel charisme, quel acteur tout simplement. Il livre une prestation parfaite, au moins aussi bonne que celle d' "Inglorious basterds". Leornardo Di Caprio est quand à lui jubilatoire dans le rôle cruel et sadique d'un organisateur de combat d'esclave sans pitié. J'étais sceptique quand à le voir en "salaud", c'est vrai qu'il a plus une "gueule d'ange", et bien me voila comblé ! Il est épaulé par le non moins salaud Samuel.L.Jackson, très bon également dans son rôle de majordome raciste ... envers les esclaves noirs qui plus est ... !
Les prestations citées ci dessus sont si bonnes qu'elles nous ferrait presque oublier celle de Jamie Foxx, qui tient pourtant le rôle principal du récit. Il faut bien avouer que face aux incroyables prestations de Waltz et Di Caprio, son jeu parait bien en dessous. Il est convaincant, mais à la limite d'être en demie-teinte ... Dommage. Kerry Washington ne laisse pas non plus un souvenir impérissable.
Éléments indispensables à tous western enfin : des "gueules". Et de ce côté, les truands de "Django unchained" font parfaitement l'affaire. Balafres, barbes de 3 jours et dents jaunes, vous en vouliez vous êtes servi !

La question que l'on se pose en regardant "Django unchained" est la suivante : Tarantino et western, est-ce réellement compatible ?
Il est vrai que le cinéma du "maitre de l'hémoglobine" est à la fois particulier et unique. A première vue, on pourrait clairement affirmer que les deux ne feront pas l'affaire : le genre du Western étant un style totalement codifié, que ça soit de l'ambiance globale du film, aux protagonistes en passant par la bande originale, on ne peut qu'être sceptique quand à la retranscription de l'univers propre à Tarantino dans ce type de film. Et pourtant le réalisateur réussi un coup de génie.
Il arrive à conserver les codes classiques des westerns tout en imprégnant le film de sa patte personnelle, à savoir : de l'hémoglobine, des personnages hauts en couleurs, des discussions totalement improbables ... Malgré un petit manque de scène purement "Tarantinesque" (où sont passées des scènes telles que la montre de "Pulp fiction" où Like a virgin de "Reservoir dogs" ?), il est impossible de visionner "Django unchained" sans se rendre compte que Quentin Tarantino se cache derrière tout cela.

"Django Unchained" a fait énormément parler de lui, et pas de la meilleur de manière. En effet, certains reprochaient, et reproche surement toujours, au réalisateur de "manquer de respect aux esclaves noirs américain", notamment par l'utilisation jugée excessive du terme "nigger" (je vous laisse la traduire par vous même ...). Derrière le mot "certain" je vise bien évidemment le réalisateur Spike Lee. Quelle surprise ! Spike Lee s'indignant d'un film qu'il juge raciste, ce n'est pourtant pas son genre ... !
Il faut remettre les choses au clair : La critique de Lee envers Django est totalement infondée. Cet homme est juste totalement anti-blanc, quasiment tout ces films parlent de racisme envers les noirs. Et puis accuser Tarantino d'utiliser trop de fois le mot "nègres" dans un film dont le cadre temporelle est "historique", n'a rien de choquant. Tarantino retranscrit juste les façons de parler de l'époque, au contraire, s'auto-censurer aurait été d'une hypocrisie totale.
De plus Tarantino se sert de la violence "fun" pour mieux dénoncer l'esclavagisme. Pour preuve toutes les fusillades sont ultra violentes, rien n'est caché au spectateur. Par exemple, on y voit une femme se faire littéralement exploser le ventre de façon totalement gratuite. En revanche lorsque Tarantino rentre dans le vif du sujet, à savoir l'esclavage, il s'impose une certaine retenue visuelle. Ainsi on ne voit pas l'homme noir se faire dévorer par les chiens, tout comme la scène d’exécution a coup de marteau n'est que suggérée et non visible. Tarantino se sert donc de l'ultra violence pour contraster avec le message qu'il veut faire passer.

8/10
CodeNapoleon
8
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le 8 nov. 2013

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CodeNapoleon

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