Où s'arrête l'expérience, où commence l'addiction?

C’est peut être la sortie du moment que j’avais le plus envie de voir au cinéma d’autant que le cinéma ne foisonne pas de films européens c’est donc enthousiaste après avoir lu le synopsis que je m’y rends.


Un film qui commence par nous présenter quatre amis professeurs dans une école d’une cinquantaine d’années lasses par leurs quotidiens plutôt moroses et voir pour Mads Mikkelsen triste. On voit une personne dépassée par la fatalité de la vie, par son mariage qui bat de l’aile, par l’indifférence de ses enfants et une difficulté à donner ses cours et intéresser ses élèves. Somme toute un cinquantenaire mal dans sa peau qui ne se reconnait plus et ne reconnait plus sa vie.


La solution? Ce serait donc une expérience basée sur un taux d’alcoolémie maintenue volontairement quotidiennement à 0,5 gr pour se libérer, s’affirmer, éliminer les tensions sociales et mener somme toute une vie plus épanouissante.
Ou s’arrête l’expérience ou commence l’addiction? À partir de quel moment ce type d’habitude/ expériences finit-il par par déteindre sur le quotidien et la cellule familiale? Thomas Vinterberg nous plonge là dans une véritable réflexion en nous montrant d’abord les bienfaits d’une vie sans inhibitions puis les conséquence tout cela sur le fond d’une magnifique et forte amitié qui vous plonge directement dans l’histoire.


On trouve donc un rythme maitrisé et de beaux liens d’amitiés et même de beaux liens en général à mesure que l’expérience gagne en importance. En effet le réalisateur a tenu à élargir les liens et se pencher aussi ingénieusement aux liens familiaux ainsi qu’aux liens qui unissent un professeur et ses élèves et c’est un film profondément tendre par la force des sentiments qui unit les personnages, on ne peut être que touché.


Mads Mikkelsen est époustouflant et vous emporte par son jeu d’acteur, il est à la fois le professeur blasé et dépassé par sa vie qui lui échappe, l’ami fidèle, le professeur ivre qui se libère et s’épanouit avec sa classe, le père de famille qui essaye tant bien que mal de la sauver. On ne peut le lâcher yeux, à travers ce personnage et son jeu d’acteur, on vit le film et les émotions du personnage et c’est aussi en cela que le film est une réussite.


Existe t-il un scénario réussie sans drame et fin ambigue ? C’est aussi cela qu’offre « Drunk » puisque tout le film durant il y a une tension et l’on sent que ce type d’expérience ne pourra qu’aboutir à une chute brutale . Tension qui atteint d’ailleurs bien son paroxysme dans l’une des dernières scènes ou joie et tristesse se côtoie sur un même plan.
La fin est un peu dure et douce-amer et aussi ambigue : Finalement on ne sait pas vraiment quels chemins vont prendre notre groupe d’amis après l’évènement qui les touche et on en vient à se demander si l’homme seule n’est pas plus en clin à sombrer dans l’addiction car il n’a pas une famille pour le rappeler à l’ordre lorsqu’il franchit le pas?
Le film choisit donc de se terminer sur une note douce-amer ou là encore au deuil succède le bonheur, la liberté, l’insouciance, sans véritablement savoir ou tout cela va mener.
Un film qui ne laisse pas indifférent et livre une véritable réflexion sur les addictions, la vie et les liens affectifs en général.

Clawdia
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le 19 oct. 2020

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