Et dire qu'un journal de programmes TV (où en on trouve un peu parmi le reste en cherchant bien) , affirme sans rire que ce navet est un chef d'oeuvre ! Cette accumulation désordonnée de plans sans rythme, un chef d'oeuvre ?
A se demander si les commentateurs de ces journaux voient tous les films qu'ils critiquent, mais je sais que non...
Replaçons les choses dans leur contexte : le cinéma commençait à ressusciter de la seconde guerre mondiale et en 1955, "La belle et le Clochard" caracolait en tête du box-office... Ca situe le niveau. Et entre autres réussites, "Razzia sur la chnouf" se taillait un fort joli succès. Le bon peuple voulait s'amuser et était prêt à avaler n'importe quelle couleuvre et on pouvait presque faire du n'importe quoi. Ce qui est le cas de ce navet fut-il signé Dassin, roi de la pub.
Le scénario a lui seul est une vaste foutaise ! Cette accumulation de plans, d'invraisemblances, frise le manque de respect du public ! La neutralisation de l'alarme est un grand moment de connerie cinématographique ! Dassin ne s'est même pas documenté !Déjà le thème : le coup de l'ex-taulard qui a purgé sa peine et veut se refaire un nom et une santé financière, on nous l'a déjà fait quantité de fois de fois ! Comme Melville mais en beaucoup mieux inspiré, plus artistique et avec un humour inexistant ici. Aussi avec beaucoup plus de rythme et de suspense. Avec Jules, c'est mou, c'est lent,ça pue le décor mal foutu à chaque image et Dassin passe son temps à faire du racolage...
Par exemple avec le coup de la chansonnette de la "Castafiore de service", sans intérêt pour l'histoire. Mais ça meuble, ça fait opérette, et on peut mettre à l'affiche que miss Tartempion interprète telle rengaine au cours du film...
Et comble de la bassesse commerciale, Dassin tombe dans l'érotisme de Monoprix : il passe à tabac la nana qui lui a été infidèle pendant qu'il purgeait sa peine ! Et lui enjoint de se lettre à poil. Ca devait saliver dans les salles à une époque où une jupe à hauteur de genoux faisait pute... Le spectateur alléché découvrait donc une nana en sous-vêtements d'apparence encore plus vêtue qu'avant ! Pire que des gilets pare-balles... Et comme la scène va se poursuivre avec encore plus d'audace, l'ex-taulard pousse l'infidèle violemment dans une salle dont on ne verra plus que la porte entrouverte... Rien, on ne verra désormais rien de plus que cette porte sans voir derrière. Bassement hypocrite, vulgaire .
Ce genre de mauvaise blague cinématographique a le don de m'ulcérer ! Car de plus ça ne sert à rien dans l'histoire... Comble du ridicule et entre autres : un sale gamin (insupportable) libéré après avoir été pris en otage (pas du tout crédible) fait le clown dans la voiture décapotable de son sauveur un flingue à la main ! "Poum-Poum" dirait Trump... Tout ça pendant que le chauffeur agonise au volant... Le règlement de compte final confine à la supercherie : chaque comédien se comporte comme au tir aux pigeons.
Voilà donc une partie des couleuvres qui vous attend si vous persistez à subir ce pseudo-chef-d'oeuvre... Sans intérêt et ça vous prendra deux heures.
Dassin, malgré tout ce qu'on en dit, n'avait aucune imagination ! Le coup du casse par le toit, il va nous servir de nouveau réchauffé dans Topkapi, autrement mieux réussi par ailleurs sans être génial...
Quant au casting, je n,'ai pas d'avantage apprécié : c'est simple, chaque acteur est là où il ne devrait pas. Jean Servais cédait à l'abattage et ne regardait pas à la qualité : dans cette histoire, il est mauvais. Impassible, le visage cireux toujours sans expression. De plus il articule mal. Ce gangster de cinéma ne convainc pas : pire, il fait sourire ! Darcey ne séduit pas du toutnon plus dans son bête rôle, et Robert Manuel subit un rôle de contre-emploi sans intérêt qu'il ne sait trop comment tenir.
En conclusion, on comprend fort bien qu'exilé, Dassin ait fait un film commercial au ras des pâquerettes, de là à prétendre pompeusement comme certains qu'il a révolutionné le genre polar , ça me fait d'autant plus rigoler doucement qu'en 1955 apparaissait aussi "Fenêtre sur cour" d'Hitchcock !
Ca, ça innovait le cinéma ! Et avec du talent ! Pas pour ratisser les pâquerettes.
Laissez donc ce rififi bidon là où il n'aurait jamais dû sortir : aux archives !
France 5 le 29.04.2019