Voilà un excellent film et une excellente illustration de l’horreur du libéralisme économique. Ce qui est étonnant dans En guerre c’est le mélange parfait entre réalisme et art cinématographique. Réalisme, car tous les acteurs, à l’exception de Vincent Lindon, sont des non-professionnels qui exercent dans la vie un métier semblable à celui qu’ils interprètent dans le film. Réalisme, car les dialogues ne sont pas écrits mais presque entièrement improvisés à partir d’un fil conducteur et que l’on a souvent vraiment l’impression que ce qui se passe a été filmé lors d’une véritable grève, une véritable négociation, etc. Art cinématographique, car il n’est certainement pas évident de faire jouer aussi parfaitement des non professionnels. Art cinématographique, car la photo, dans un format « scope », et certains très longs plans-séquence sont splendides. Art cinématographique, car il y a un suspense digne des meilleurs thrillers. Art cinématographique enfin, car le film est d’une puissance émotionnelle rare et, comme le disait Samuel Fuller, dans Pierrot le fou de Jean-Luc Godard : « Un film est un champ de bataille : amour, haine, violence, action, mort, en un mot émotion. » C’est exactement le cas ici ! Ma note 8/10. (Pour les nancéiens, le film est disponible en DVD à la Médiathèque de la manufacture dans une excellente copie).