Denis Villeneuve sait indubitablement installer une atmosphère dans ses films, et ‘Enemy’ ne fait pas exception. En revanche, le réalisateur continue de se complaire dans un style de thriller opaque au rythme soporifique.
La séquence d’ouverture donne le ton : au-delà des métaphores arachnéennes stériles, ‘Enemy’ se caractérise par une vanité déroutante. On comprend bien vite qu’Adam et Anthony sont une seule et même personne, mais malgré une certaine originalité dans l’angle choisie pour aborder la schizophrénie (les deux partis découvrant en même temps l’autre), le film se perd dans des non-sens censés servir une réflexion sur la psychologie de l’homme. Les comportements erratiques des personnages alors qu’ils évoluent dans un environnement rigoureusement cohérent invalide tour à tour le drame amoral et la thèse de la projection psychologique. Au final, on ne comprend rien, et quand le réalisateur nous donne enfin la « clé » du récit, c’est pour bêtement nous indiquer que Adam et Anthony sont bel et bien la même personne. Merci bien.
On se contentera de la performance de Jake Gyllenhaal, d’une mise en scène anxiogène à base de filtre jaune et des magnifiques plans de Toronto dans la brume.
Un thriller de Denis Villeneuve toujours aussi opaque.
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