Sorti il y a 10 ans presque jour pour jour, je décide de (re)visionner ce qui fût par le passé mon premier Michel Gondry. Et c'est à travers ce deuxième visionnage que j'ai enfin trouvé intérêt à revoir certains films à des moments différents de ma vie. Charlie Chaplin a dit : « Ce n'est pas la réalité qui compte dans un film, mais ce que l'imagination peut en faire ». En associant cette citation à cette œuvre récompensée du meilleur scénario original 2005, on s'approprie l'histoire et les rôles des personnages pour comparer ce que serait notre vie sentimentale à travers le spectre Eternal Sunshine of the Spotless Mind. Alors que serait notre vie s'il nous été possible d'en effacer toute une partie grâce à notre technologie médicale ? Serions-nous plus heureux si nous effacions de notre mémoire tout ce qui se rapporte à la personne que l'on aime ?

Nous ne sommes pas là pour philosopher et puis vous êtes seul juge. Niveau casting c'est du gros calibre. Les personnages principaux: Jim Carrey, excellent dans son troisième gros rôle dramatique à l'époque (après The Truman Show, 1998 et Man on the Moon, 1999) et Kate Winslet, révélée au grand public avec le rôle de Rose dans Titanic en 1998. Les rôles secondaires, eux aussi, excellent: avec une Kirsten Dunst d'une excentricité qui cache un profond malaise, Elijah Wood, petit ami tête à claque et étouffant ainsi que Mark Ruffalo dans un rôle vraiment surprenant quand on sait qu'il deviendra Hulk via Marvel. Et le principal ici ce n'est pas les talents d'acteur que l'on découvre mais la mise en scène de Michel Gondry pour faire ressortir une certaine tristesse et dépression des personnages qui infecte le film dans sa totalité. On prouve ici que tout le monde subit les outrages de la vie, aussi cruels qu'ils soient. Il faut noter l'excellente bande originale avec en particulier la reprise de Beck sur Everybody's got to learn sometime de The Korgis.

Les trois quarts du film se déroulent dans la tête de notre héros. On voyage dans ses souvenirs, souvenirs anesthésiés par la présence d'une Clémentine. Si notre Joël (Jim C.) a décidé d'en arriver à supprimer son ex petite amie de sa mémoire c'est parce qu'elle en avait fait de même juste avant, après un trop plein de disputes incessantes et puériles, grandes caractéristiques de la vie à deux. L'image que nous donne Gondry de l'imaginaire est belle du fait des décors et des paysages filmés. Les deux tourtereaux se baladent et essaient d’échapper à l'irréparable: l'oubli qui amènera à l’indifférence de l'un pour l'autre.

Et finalement la morale est plutôt optimiste dans ce drame d'une grande froideur. Ce qu'on nous dit c'est que malgré les aléas de la vie en couple qui deviennent, au fur et à mesure que le temps passe, étouffants pour chacun des deux conjoints, les souvenirs eux restent. Certains pensent que de rester accroché au passé est une chose dangereuse et déprimante mais cette histoire est la preuve que si l'on s'accroche à ses souvenirs cela redonne l'espoir d'un renouveau et d'une découverte de ce que l'on aimait en l'autre. Le pessimisme à son paroxysme voudrait que dès que les choses ne vont plus on abaisse les bras et plaque tout pour oublier l'autre, mais il faut essayer de se dire que les êtres qui s'aiment finiront, quoi qu'il arrive, ensemble et ce n'est pas une technologie idéalisée au plus au point qui pourra les en empêcher. C'est ce que l’œuvre de Michel Gondry semble nous dire: conjointement les humains iront jusqu'à étouffer de fatigue à force de reproches, disputes et mésententes mais il ne faut pas oublier qu'on s'est aimé et tout est encore possible.
baptistevanbalbergh
9

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le 28 mars 2014

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The Passenger

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