Premier film de Damien Chazelle dont il n'a pas écrit le scénario et malheureusement, une fois qu'on a cet élément en tête, cela se fait sentir.
Frist Man est excellemment réalisé, surtout durant ses séquences spatiales. Le problème c'est que tout le reste ne suit pas.
Le personnage de Neil Amstrong est chiant à mourir. Il manque cruellement d’étoffement et d'humanité. Ses motivations sont floues, sa relation avec son épouse ne fonctionne absolument pas, de même que ses relations avec les autres membres de son entourage dont on ne sent à aucun moment une quelconque amitié réciproque. Il n'a aucune humanité dans ce long-métrage, tout y incroyablement froid ce qui dessert grandement les intentions émotionnelles du récit.
Mais le film souffre surtout d'un manque d'enjeux assez évident. Car en se recentrant sur la figure d'Amstrong et en évinçant tout le contexte historique entourant la conquête lunaire, Chazelle n'évoque donc jamais les raisons qui font de cet objectif une mission dangereuse et meurtrière.
Les nombreux accidents qui peuplent le long-métrage ne sont pas le fruit du hasard. En pleine guerre froide, les États-Unis voulaient absolument devancer les russes dans la conquête spatiale et ont donc agit dans la précipitation, enchaînant les accidents année après année et mettant ainsi en péril la vie de plusieurs dizaines d'astronautes.
Cet aspect aurait considérablement enrichit le scénario. On aurait pu mieux comprendre les raisons de toutes ces opérations et par cela véritablement questionner l'utilité d'une démarche aussi meurtrière, plutôt que de simplement effleurer la question de façon succincte.
Ici, la seule responsabilité revient à Neil Amstrong qui malgré les risques ne renonce jamais à sa tache, forçant même sa hiérarchie à bafouer sa sécurité et celle de son équipage alors que ça devrait être l'inverse ? Et tout ça pourquoi hein ? Ben c'est pas très clair justement. Les motivations du personnage demeurent floues jusqu'à la fin du métrage, ce qui le rend insaisissable et n'aide pas à comprendre ses enjeux personnels. A peine nous dit-on que sa principale raison pour se rendre sur la lune était de rendre un dernier hommage à sa fille, ce dont j'ai du mal à croire étant donné que cet élément de sa vie ne fut abordé qu'au début du film, que ça n'est pas traité comme un élément central et que de toute façon, il ne nourrissait même pas le rêve d'aller sur la lune. On le voit même se réjouir que ses potes y aillent à sa place.
Aussi Chazelle a beau effectuer une mise en scène très immersive, en restant au plus près des astronautes dans le confinement de leurs cockpits ou l'immensité du territoire lunaire et à nous faire ressentir leurs peurs, leur souffrance ou leur émerveillement de manière presque sensorielle. Fatalement dans un récit dénué d'enjeux et avec un seul personnage développé mais dont on ne comprend pas les motivations et pour qui on n'éprouve ni attachement ni empathie, difficile de se sentir investi dans ce long-métrage certes très bien fait mais terriblement apathique.