Ce qui aurait dû être le film de la (seconde) confirmation pour Chazelle prend la forme d'une douche froide.
Ayant opté pour le schéma académique du biopic qui privilégie la dimension intime et pathétique de son héros au spectaculaire de son aventure, le jeune réalisateur plombe son First Man tant attendu. La caméra colle en permanence au plus près du visage inexpressif de Ryan Gosling, qui trouve ici ses limites dans son emploi désormais surexploité de bloc viril minéral traversant l’entièreté d'un long métrage en arborant le même air évaporé, et le scénario reprend la thématique de Whiplash et La La Land (un homme habité par son ambition professionnelle sacrifie sa vie intime pour la réaliser), bouclant ce que l'on espère être une trilogie avec un chapitre décevant.
Et tandis que l'histoire en elle-même aurait dû être à la hauteur de l'Histoire, c'est à dire livrer un grand film d'aventure spatiale relatant la première et plus grande conquête spatiale à ce jour, le film ennuie pas mal et se révèle dans sa forme et ses rares séquences "d'action" moins ambitieux et électrisants que les récents Interstellar et Gravity.
C'est en fait peut-être le "film dans l'espace" le moins enthousiasmant que j'aie vu - en sortant de la salle, je me suis fait la réflexion que pour un prochain plateau télé, je préférerai encore revoir le nullissime Armageddon, qui au moins évite le plan final de Chazelle en pur mode sinistrose qui donne envie de hurler à Armstrong : "Faire l'aller-retour Terre/Lune pour revenir avec la même gueule de six pieds de long, ça valait vraiment pas le coup !".
Là où la fiction s'emploie habituellement à insuffler une dimension épique supplémentaire à la réalité qu'elle choisit d'empoigner, elle ne fait ici qu'affadir une épopée à laquelle rend mieux grâce n'importe quel documentaire.