First Man - Le Premier Homme sur la Lune par Christine Deschamps

Sur ces fougueux (mais taciturnes) héros qui ont conquis l'espace et arraché notre espèce à la gravité, je crois que j'ai vu tous les films : Mission to Mars, L'étoffe des héros, Apollo 13, Gravity, même Top Gun, la liste commence à être longue pour nous ressortir les mêmes scènes de centrifugeuses et de barbecue entre athlètes aux épaules larges et au QI impressionnant. Mais je ne m'en lasse pas. Au point de lire la BD sur Thomas Pesquet en cours de route et de regarder la Nuit des étoiles sur Arte en août. Il y a quand même là quelque chose d'éminemment épique, qui interroge profondément notre place dans l'Univers. Et quel genre d'homme peut quotidiennement mettre sa vie en danger pour un rêve d'enfant ? Vous me direz qu'il y a eu quelques pionnières de la conquête spatiale, aussi, mais, malgré tout, voilà une geste principalement masculine. Ce film ne fait pas l'impasse sur l'incompréhension des épouses, qui regardent leurs maris s'enfoncer de plus en plus profondément dans une chimère qui revêt les atours trompeurs du patriotisme. S'il n'y avait eu cette infantile compétition avec l'URSS, la Nasa aurait-elle eu les coudées aussi franches ? Certainement pas. Mais ces hommes-là ne résistent pas à un bon petit concours de lancer de crachats, surtout si une quelconque suprématie est en jeu. Ça leur a causé de tout temps et je ne désespère pas de voir ces aberrations cesser un jour où l'autre. Il faut quand même reconnaître en attendant que ça fait de bons films. Celui-ci n'échappe donc pas à la règle, en dépit d'une caméra subjective parfois éprouvante, surtout dans les scènes terrestres où elle n'était pas forcément requise... quel besoin a-t-on de tanguer quand la femme d'Armstrong lui court après pour lui faire une scène de ménage alors qu'on vient déjà d'être secoués comme des oliviers au cours d'une séquence d'accident dramatique ? Mais bon, on a signé et ça vaut quand même le coup. D'ailleurs, la scène d'ouverture donne le ton, et on sait d'entrée que le film devrait être interdit aux épileptiques. Bref, de la grande épopée, mâtinée d'enjeux intimes, et rondement menée, malgré la longueur du film. Recommandable, en somme.