Fury : Au crépuscule de la seconde guerre mondiale, les Américains reprennent et libère les villes Allemandes les unes après les autres, éliminant les dernières poches de l'armée d'Hitler. Les tankistes sont en difficultés car moins bien armés et moins blindés que leurs adversaires. Un Sergent sort néanmoins du lot avec son tank, le Fury, et son équipage. Un jeune soldat sans expérience va les rejoindre, et ils vont devoir protéger un carrefour avec 4 tanks, alors que les soldats sur place en attendaient 10.
Comme il est frustrant ce film...!
Oui, il y a une bonne équipe. Les acteurs sont vraiment très bon (Shia LeBeouf est méconnaissable), l'état psychologique des soldats arrivés au bout d'une guerre d'une barbarie ignoble est très bien retranscrit (totalement blasés devant un massacre, complètement déchiré à la moindre occasion et pétant de gros câbles...), l'image est brute et violente (très gore !)... Presque tout pour plaire !
... Mais alors deux gros problèmes plombent le film :
D'abord, le scénario : on ne sait pas du tout où on va pendant la première moitié du film. Les missions s'enchaînent, les soldats déambulent de villages en villages, aucun fil conducteur ne se dégage, et donc on s'égare pendant un temps interminable dans l'appartement de deux pauvres Allemandes qui n'ont rien demandé, et la dernière bataille est beaucoup trop longue, sans qu'on en saisisse les tenants et aboutissants clairement. On sait que la guerre est déjà gagnée, donc l'enjeu est brouillon et mal défini.
Et puis la poésie : les plans s'enchaînent, d'un classicisme affligeant et quasi-amateur. On film des boucheries et des fusillades avec autant de talent qu'un reportage animalier. Pendant tout le film j'ai pensé à Terrence Malick et son énorme boulot sur La ligne rouge, j'ai pensé à Annaud et son boulot sur Stalingrad. Dans l'un, une poésie magnifiquement orchestrée, dans l'autre des cadrages précis et significatifs, calculés et essentiels. Ici, ces talents manquent cruellement.
Un film tout juste sauvé par une performance d'acteurs et une volonté nette de retranscrire un état d'esprit, mais filmé sans talent, sans émotions, sans âme.