Ou comment j'ai appris à sérieusement aimer la guerre et la bombe
Un certain nombre de personnes ont fait un rapprochement, lors de la promotion du film, entre Fury et Inglourious Basterds, qui n'ont absolument rien à voir, sauf sur un point précis : les deux sont des catharsis, sauf que là où le Tarantino est un objet absurde et décomplexé, conscient de son délire assez immature qu'il assume pleinement et qui renvoie à un miroir du spectateur - le Ayer est hypocrite, totalement sérieux dans son propos et d'un puritanisme qu'il essaie de dissimuler sans succès. Tout est affreusement prévisible et doté d'un moralisme Emmerichien tout à fait dérisoire : le jeune chrétien qui refusait auparavant de tuer des allemands et qui devient subitement une bête de guerre suite à la mort de sa bien-aimée, le boss dur en apparence mais qui cache un grand coeur, le mexicain con-con, la brute qui faisait chier le petit nouveau mais qui lui dira "je te respecte" juste avant de mourir... Bref, tout ce qui est répulsif et que plus personne n'ose faire en 2014... Enfin je l'espère.
La morale finale, où un jeune allemand ne signale pas la survie du seul américain vivant, alors que ces derniers se faisaient un plaisir à massacrer au début du film les allemands qui restaient, cherche maladroitement à feinter le spectateur, tente de lui faire oublier tout le pro-américanisme qu'il lui a fourré dans la bouche tout au long du film mais est en fait la preuve la plus cinglante quant au fait qu'il nous prend pour des cons.
Il y a aussi une mise en valeur perverse de la violence (mais rien de Tarantinesque, c'est du premier degré ici) - ah ça, il aime bien filmer des corps qui se font déchiqueter par les missiles, des allemands qui se prennent des coups de couteaux dans les yeux, David Ayer.
Pourquoi 5 ? Car si on passe sur le fond honteux, on ne peut pas en dire autant de la forme, c'est un film d'action assez efficace, bien rythmé, avec une mise en scène pas mal foutue, Shia LaBoeuf est étonnamment bon, voire très bon, tout comme Brad Pitt, rien à redire là-dessus.
Mais la propagande prime sur la forme (ça se rejoint normalement mais là non, étrange...).