Furie et guère de répit...
« Fury » est une de belles surprises des cette année 2014. Certes, il ne vient pas conceptuellement bouleverser le « film de guerre », comme avait pu le faire en leur temps, Malick et « La ligne rouge », Stone et son « Platoon » ou encore Kubrick et son « Full metal jacket ». Ayer se situe moins dans la virtuosité et l’approche intellectuelle, et se concentre plus sur une espèce de huis clos psychologique entre cinq personnages autour d’un tank, tous typés (dans le genre le bon, la brute et le novice) où se révèlent les peurs primaires, les valeurs, l’amitié… Nous sommes ici, dans une approche initiale du genre, celle des grands maîtres de l’action hollywoodienne, qui des années 40 à 50 ont signé les belles heures du film héroïque, au vague relent patriotique (à ne pas prendre dans un sens dévalorisant) un poil manichéen mais surtout efficace. On pense notamment à « Un homme de fer » de Henry King ou bien encore « Air force » de Howard Hawks. Et le choix de acteurs n’est d’ailleurs pas neutre non plus. Avec un Brad Pitt qui excelle en savant croisement entre John Wayne et Gary Cooper, ou encore un Logan Leman dont le jeu évoque Monty Clift. Vu comme cela, on pourrait penser à un film passéiste dont la jeune, et même moins jeune, génération de cinéphile n’a presque aucune connaissance et présenterait peut-être peu d’intérêt. Bien au contraire, et c’est là toute l’intelligence de Ayer, car son film est loin du carton pâte des studios et l’action y est tonitruante. On pensait avoir franchi le seuil de l’horreur avec la séquence introductive de « Il faut sauver le soldat Ryan » si criante de vérité avec ses images de combats et de mort à la limite de l’insoutenable. Il n’en est rien. Certaines scènes de « Fury » sont d’une violence visuelle terrible et replacent la guerre dans ce qu’elle a de plus épouvantable, une espèce de quotidien où notre groupe d’homme doit poursuivre s’il ne veut pas mourir. Il ne faut pas chercher ici un pensum réfléchi du style «quel connerie la guerre ! », il suffit de suivre les images pour s’en convaincre. « Fury » est bel et bien un film primaire, mais dans le sens noble du terme et il se révèle d’une incroyable efficience où l’émotion n’est jamais là où on l’attend et vous prend aux tripes. C’est tout simplement scotchant !