Fury
6.7
Fury

Film de David Ayer (2014)

Fury, c’est le nom du tank.


Un char américain M4 Sherman, piloté par l’indétrônable Brad Pitt™ qui égorge un nazi dès les premières secondes du film, histoire de faire comprendre qui c’est-y qu’est le patron.
Pour l’occasion, Brad est le sergent Wardaddy.


Donc, le sergent Guerrepapa est en Allemagne à la fin de l’hiver 1945, à une période du conflit où les allemands sont aux abois. Vaincus à l’Ouest comme à l’Est, éreintés par six ans de guerre et réduits à envoyer au combat les enfants et les vieux dans l’espoir insensé de sauvegarder un régime moribond, les nazis se défendent désespérément contre l’avancée des troupes américaines.
Le film met en scène les cinq membres d’équipage du tank Fury, Guerrepapa au poste de chef de char, et d’autres têtes connues comme Jon Bernthal (Shane) au poste de chargeur et Shia LaBeouf comme tireur. Norman, un jeune enrôlé affecté à la va-vite au char comme copilote pour remplacer un membre venant d’être tué, les rejoint.


Un stéréotype certes facile, mais pratique vu qu’il permet au spectateur de contempler toute l’horreur de la guerre telle que David Ayer nous la dépeint, à travers les yeux d’un jeune homme a peine sorti du lycée et qui n’avais jamais manié une arme de sa vie.
Et cet apprentissage de la guerre et de la réalité des combats est difficile, renforcé par une ambiance sale et grisâtre et une mise en scène qui n’épargne pas au spectateur la violence de la guerre : les civils allemands exécutés par les SS pour « lâcheté », les soldats coupés en deux par les mitrailleuses, les exécutions sommaires de prisonniers, les réfugiés fuyant les combats par la mort ou la fuite... un spectacle sanglant qui crédibilise énormément le film, là où il aurait pu se contenter de nous resservir la même rengaine insipide habituelle sur les valeureux américains écrasant les affreux nazis.
Ici, non seulement le film a l’intelligence de ne pas tomber dans ce piège en se concentrant sur la violence de la fin de la guerre sans trop privilégier tel ou tel camp, mais il dépeint cette guerre depuis l’intérieur d’un char, ce qui est rare en soi et Il s’appuie aussi sur un réalisme criant qui rend le film très crédible.
Notamment en montrant l’affrontement entre les Sherman américains et un des terribles Tigres, ces chars lourds allemands qui constituaient la terreur des équipages alliés, étant pratiquement invulnérables, et dévastateurs avec leur canon de 88 mm pouvant transpercer sans difficulté la cuirasse des blindés alliés.


Et ensuite vint la 93e minute du film.


Jusqu’ici, c’était franchement un bon film. Violent sans en faire des caisses, bien filmé, pas trop cliché, bien rythmé, le scénario voit pourtant le Fury arriver à son objectif, c’est-à-dire un carrefour routier qu’il est censé occuper pour empêcher les nazis de contre-attaquer par ici et de tomber sur les arrières des lignes américaines et d’y faire un carnage. Et alors qu’une colonne de panzergrenadiers allemands se profile à l’horizon, l’incroyable sergent Guerrepapa décide alors, tenez-vous bien, de rester sur place et d’y affronter le bataillon de boches, à cinq contre trois cents. Avec un tank immobilisé par une mine, dont la radio est fichue et presque à court de munitions.
Cette scène complètement idiote dure pendant une demi-heure, avec des allemands qui s’évertuent à gaspiller leurs munitions en tirant à la mitrailleuse sur un char (oui oui) et qui se font tailler en pièces, incapables qu’ils sont d’encercler un blindé immobilisé. Les cinq membres du Fury meurent alors un par un bêtement alors que la solution la plus intelligente aurait été de fuir vers leurs lignes pour annoncer l’arrivée de l’ennemi, au lieu de se faire tuer (et finalement de permettre aux nazis de passer quand même par le carrefour en question).


C’est bête, parce que sans ça, on aurait frôlé le sans-faute.


Mais hormis cette absurdité scénaristique qui gâche la conclusion, Fury est un bon film. Une fresque sanglante de la fin de la guerre en Allemagne, aux commandes d’un char, bien filmé et pas trop mal joué. Si vous tolérez la violence visuelle de ses images, regardez-le, vous ne le regretterez pas.

VlocipdeAquatiq
7
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le 27 mars 2015

Critique lue 381 fois

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