Halloween II prolonge sans médiations la célèbre Nuit des masques menée magistralement par John Carpenter en 1978 : le résultat, étonnamment réussi, dépasse de ce fait nos espérances... à tel point que cette première suite atteint presque l'excellence et la maîtrise du chef-d'oeuvre séminal de Carpenter.
On jurerait qu'il s'agit de l'auteur de Fog et de The Thing derrière la caméra, tant le méconnu mais prometteur Rick Rosenthal régurgite intelligemment la grammaire cinématographique intrinsèque à La Nuit des masques. De la même façon que l'opus d'ouverture Halloween II témoigne de qualités formelles pour le moins prégnantes : utilisation de la caméra subjective saisissante et diablement efficace, placement idoine de la caméra comme vecteur essentiel du suspense et de l'effroi, photographie nocturne de Dean Cundey dans la continuité de son travail sur Halloween premier du nom et réarrangements survitaminés de la bande originale de Carpenter, inlassable et anxiogène.
On suit donc avec un intérêt certain la suite des déambulations pathologiques de Mike le surineur au coeur de cette nuit qui n'en finit pas, accompagné du Docteur Loomis s'attelant à décortiquer vainement l'esprit monstrueux de cette machine froide et implacable ( Donald Pleasence, impayable en psychiatre ahuri, cocasse et sympathique ). Si cette suite est notamment réputée pour sa fameuse révélation scénaristique l'intérêt se situe davantage dans la réalisation et l'atmosphère que dans une psychologie peu utile au résultat final, et singulièrement démodée qui plus est. Nous avons donc là un film d'excellente facture, plus excessif que l'original dans ses effets mais tout aussi propre dans sa technique... Le regard que John Carpenter posait sur le cinéma d'horreur trois ans auparavant garde ici sa totale emprise sur le spectateur, Rick Rosenthal s'imposant intelligemment comme un artisan cohérent et pertinent. C'est à voir.