Je découvre un peu tard le cinéma de Verneuil, mais je dois dire que ce film a extrêmement bien vieilli.
Tout part de l'assassinat du président Mark Jarry dans un pays qui n'est pas cité, mais qui fait bien évidemment écho à l'assassinat de Kennedy. Une commission d'enquête est créée et statut très rapidement sur l’identité du tueur et de ses motivations. Tout le monde semble ravi de cette enquête sauf le procureur Volney (Yves Montand) qui décide de mener sa propre enquête...
Il est évident que le film peut ressembler à Z de Costa-Gravas. Mais ce qui le différencie et le rend intéressant à revoir aujourd'hui, c'est le traitement de l'image selon Verneuil. La première partie du film se concentre sur la couverture médiatique (avec des plans sur les caméras de journalistes) lors de l'arrivée du président, puis sur l'assassinat dont il manque le cliché le plus important, puis enfin sur la fameuse scène du débat télévisé où notre cher procureur prend le contrôle de la situation en connaissant les rouages de la télévision.
Son bluff, de révéler le rapport compromettant de la commission s'appuie sur un argumentaire simple : s'il se trompe, son image est ternie et il sera décrédibilisé par l'ensemble de ces opposants, les téléspectateurs et le public. Mais s'il a raison alors c'est la commission qui sera montrée du doigt et jeter en pâture aux yeux du monde entier à travers la caméra de télévision. Pari réussi pour le procureur qui obtient des aveux de cette fameuse commission qui préfère limiter les pots cassés !
Cette image manipulée, retouchée, peut par contre révéler l’implacable vérité. Le procureur comprend très vite que ses yeux seuls, ne lui permettront pas d'élucider le mystère qui entoure la mort du président. Il a besoin de films, d'enregistrements pour mener à bien son enquête. Son travail sera long et très méticuleux et nous amènera à la scène la plus iconique du film : la fameuse expérience universitaire : démonstration de la soumission de l'individu à l'autorité. Cette scène fait froid dans le dos et fait comprendre à Volney que même l'Homme peut être aisément manipulé. Une scène mémorable.
Le film par contre a eu du mal à m'avoir :
J'ai rapidement déduit la fin de l'histoire, peut être trop marqué par d'autres films plus anciens traitant de la manipulation politique. Et puis bon si on connaît un peu la mythologie grecque, on comprend vite où tout cela va nous emmener. Attention procureur ne te brûle pas les ailes ... J'ai aussi regretté qu'il est si peu d'approfondissements sur les personnes qui tirent les ficelles, tout va très vite à la fin !
Cependant, je note la superbe musique d'Ennio Morricone avec une partition au violon de toute beauté.
C'est un bon thriller politique, bien emmené, méticuleux, mais un poil trop prévisible. Reste la performance très solide de Yves Montand et des scènes qui auront marqué à l'époque des milliers de spectateurs et qui reste aujourd'hui toujours aussi fortes !