Je suis vraiment mitigé.


Tout d'abord, c'est très long à démarrer, avec des scènes qui s’enchainent un peu sans queue ni tête sans aucune réelle incidence mais du pataquès en veux-tu en voilà : et que je saute par la fenètre après avoir réchappé à un empoisonnement, et que je saute d'un avion en plein vol avant le crash avec un canau de sauvetage gonflable (oklm, comme dirait Kylian). Il faut attendre d'arriver dans le palais du maharaja pour voir la vraie histoire débuter et apprécier le véritable film d'aventure archéologique tel qu'il avait été défini dans le premier épisode : des salles mystérieuses à pénétrer et un objet inestimable à la clé comme leitmotiv.


En outre, les personnages secondaires sont insupportables dans leurs caricatures respectives : le petit chin'toc un peu teubé mais malin comme un singe qui déblatère et s'excite à tout va ("tu es mon meilleur ami !", dit-il à un éléphant court sur pattes 5 minutes après l'avoir rencontré), et la femme veinale prête à ce qu'on profane son temple pourvu que ce soit un mâle dominant qui le fasse. Indy n'est pas vraiment mieux dans son rôle de James Bond au rabais aussi habile avec ses mains qu'avec sa b*** ("omg il faut que je m'la fasse cette cochonne, je les ai grosses comme des balles de poules"). Les autochtones indiens ne sont pas en reste, dépeints qu'ils sont comme des sauvages adorant de sombres idôles ; que ce soit au village ou dans le temple maudit.


Le paragraphe du gros frustré étant terminé, attardons-nous sur le mysticisme du film, qui débarque avec ses gros sabots dès l'arrivée des protagonistes dans le temple. On passe alors dans une autre dimension : bienvenue dans le surnaturel, où l'incohérence côtoie le fantastique assez grotesque (et que je t'attrape le coeur à main nu en récitant un cantique du côté obscur).


Aparte :
D'ailleurs, en parlant de côté obscur, les choeurs de la cérémonie vous feront immanquablement penser à Star Wars, qui s'en est inspiré dans l'épisode 1, au moment du combat final contre Dark Maul.


Côté invraisemblance et grosses ficelles, on est servi, et pour n'en citer qu'une parmi les plus grosses : une des pierres luminescentes ne brûle pas la main du grand mufti pas gentil lors de la cérémonie, mais lui brûle la patte quand il est en compagnie d'Indy sur le pont coupé en deux.


Et c'est sans compter les nombreux problèmes de raccord entre plans (la fête aux faux raccords, selon Allociné) : la scène du tapis roulant est la plus marrante pour ça, avec son déroulé qui s'éternise et la tête d'Indy qui frise le rouleau compresseur pendant bien deux minutes, avant de revenir comme par magie 2m avant. Idem dans la scène des wagonnets, où Mme Cleavage (oui ses boobs jaillissent comme par magie au fil de l'intrigue, sûrement pour mettre 2 points de plus à la note finale) hurle sans ouvrir la bouche, ou lors de la scène du pont, où Indy lève son sabre et le baisse alternativement et sans continuité entre les plans (évidemment un plan a été inséré entre deux continus).


D'ailleurs cette scène est assez emblématique de l'aura "jeux vidéo" qui se dégage du film : l'IA des mercenaires est vraiment "nulle à iéch'" (copyright GK Puyo, tout ça). Dans la mine où le petit gamin trop mignon parce que bridé est retenu captif, le gros patapon de la mine regarde à gauche et à droite sans voir qu'un gosse discret comme un chimpanzé sous ecstasy vient de se libérer de ses chaînes et passe maintenant à 1m de lui.
Lors de la scène du pont, on les imagine bien se dire "oh tiens c'est bizarre je le vois menacer de couper le pont en deux et s’arrimer sévèrement au cordage, mais je continue quand même à avancer, je suis programmé pour ça après tout, et on sait jamais, quoi...".
Par ailleurs le grand chef pas gentil n'a même pas conscience de tout ça, aveugle qu'il est. Il s'exclame "mais qu'est-ce que vous faîtes !?" quand Indy s'apprête à découper le pont. Bah oui, c'était pas évident du tout, et franchement les méchants comme les spectateurs ont pas eu le temps de se figurer la suite de cette scène qui dure une éternité... Surtout qu'on se disait qu'il amenait ses otages sur le pont pour éviter qu'Indy joue au suicide collectif, mais nan, apparemment c'était même pas dans son idée, il s'avançait, comme ça, histoire de mieux sentir son aftershave. Incohérence, me voilà.


En résumé, on a l'impression que Spielberg se fout de la gueule du spectateur, ou au moins l'infantilise pendant 2h, histoire de l'endormir pour le faire rêver dans son "Black Sleep of Kali" (dans lequel on tombe en buvant du sang, hein). A bien y regarder, les méchants nazis horrifiques et surnaturels du 1 étaient peu de choses face au mysticisme outrancier de celui-ci... J'ai pas encore vu le 4, mais j'en viens à me demander si c'est pas toute la série qui veut nous faire avaler des couleuvres, et qu'en fait on respecte les anciens épisodes uniquement par nostalgie, parce que les gens qui en parlent ont grandi avec comme j'ai pu grandir avec les vieux Star Wars... "Allez, je l'ai vu au moins 8 fois entre mes 8 ans et mes 16 ans, 8/10".


Néanmoins, ça reste assez divertissant (la scène des wagonnets en semi FPS est vraiment bien, malgré tout) et le film réussit à s'emballer suffisamment pour ne pas lui mettre en-dessous de la moyenne.


PS1 : Ah et puis ils ont tous le sommeil lourd dans ce film : que ce soit Indy dans la scène de l'avion ou le gosse dans la chambre à coucher pendant la tentative d'assassinat sur Indy.


PS2 : Et il faut croire que le spectateur dort aussi, dès le départ, car Spielberg envoie bien 36 000 signaux qu'Indy a été empoisonné (les méchants chinois qui regardent le verre, puis qui rigolent), sans que jamais Indy comprenne que dalle. Il faut que la bonnasse de service ouvre son clapet ("oh mon Dieu tu as été empoisonné") pour qu'Indy capte. Avec l'antidote montré par le méchant chinois en chef, ça fait 4 indices (si j'en oublie pas) pour faire comprendre au spectateur qu'il a été empoisonné, si jamais il est lent à la détente...


PS3 : ah et puis, les méchants ont vraiment des têtes de méchants : ils sont bronzés, évidemment, et ont des rides qui marquent bien leur visage, dur et renfrogné ; alors que le premier clampin à se faire sacrifier est blanc, a le nez retroussé et les traits juvéniles du nigaud dans Shrek. On n'est pas loin de la théorie raciale (ou de la morphopsychologie pour être exact - bah ouais, ça existe vraiment ce truc, et pas que dans l'Allemagne nazie (cf. la physiognomonie et l'affaire Socrate))... Mais je ne m'avancerais pas trop, j'ai peur des procès.


PS4 : les effets spéciaux d'incrustation des personnages en post-prod sont bien dégueulasses, avec des lignes de démarcation noires autour de chacun, qui donnent un petit effet "hologramme" encore une fois assez surnaturel. Cf. la scène de la grotte aux stalagmites (et -tites) et celle de l'eau qui les assaille au bord de la corniche.


PS5 : j'arrête mes digressions ici et je rouvre mon manuel d'expression écrite pour réapprendre à construire un commentaire composé argumenté et bien articulé.

Adrast
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le 11 nov. 2015

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Adrast

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