Elia Suleiman est ici un personnage à l'aspect caractéristique ma foi sympathique. En décalage avec un monde qu'il essaie de comprendre, il n'est là que témoin, tout comme le spectateur, des situations qui l'entourent.
Le protagoniste est quasi muet, il ne dit que trois mots à peine. À la manière d'un Charlie Chaplin moderne le film est dans la majorité détourné de dialogues.
Un rythme général lent comme les mouvements de caméra, car les plans sont en général très comtemplatifs à l'image étirée et souvent attachée à la symétrie. Mais il n'y a pas que de l'esthétique dans tous les lieux montrés. L'idée politique en est la base, n'oublions pas la Palestine, et bien qu'engagé dans une certaine dénonciation, les situations ont un ton absurde et parfois vraiment hilarant; simple et agréable à regarder, jouant par moments sur la répétition, créant le gag. Une allure chorégraphié plaisante, fait par des figurants de toutes sortes: des policiers de différentes nationalités, des femmes, des militaires, des inconnus menaçants, des musiciens, des touriste Asiatiques, des seniors, des ambulanciers, des animaux volants ou à quatre pattes etc.
Tantôt des histoires simples et belles comme celle du serpent raconté par le vieux voisin chasseur. Tantôt des situations dans lesquelles on ne voudrait pas se retrouver comme dans le restaurant face à deux hommes qui ne plaisantent pas avec leur sœur; une tension constantes comme celle du métro devant l'homme tatoué vous fixant le long du trajet, mais toujours sur une intention de comédie en action avec symbolisme subtile dans plupart des événements.
Et même si toutes ces situations semblent au final n'être qu'un film à sketch ce n'est pas le cas. On pourrait y voir des situations ne servant qu'à faire rire, se détachant de l'idée directrice. Et même si c'est le cas, j'y vois aussi un moyen d'exprimer la culture de l'autre tout en divertissant. Évidemment le rythme général qu'à choisi notre protagoniste-réalisateur pourra en perdre certain, mais dans ce contexte et l'absurde absolue choisi, je trouve ça vraiment fascinant.
C'est pourquoi beaucoup de gens trouveront son cinéma très prétentieux, je peux certes le comprendre mais ce n'est pas mon ressenti. J'ai assisté à une véritable expérience, quelque chose qui faut testé, pour le meilleur et pour le pire
Une partie du long-métrage est filmée dans un Paris fantomatique avant d'être occupé par des apparitions de toutes sortes, un défilé plutôt inattendu si nous n'y sommes pas préparés.
Cette première scène, dans la capitale, est avec des femmes qui arpentent les rues à la manière d'une publicité. Une publicité à laquelle on aurait ajouté l'artistique du cinéma, avec un vrai contexte (ou pas du tout) selon notre point de vue, ce moment qui semble à part présente en se concentrant sur un point précis le changement de culture. Un manière très subtile pour changer littéralement de décor et il faut avoir l'œil affiné pour assister à comment est prévu le scénario et son sens. Je ne dis pas que je vois tout, je n'ai pas compris certaines scènes mais c'est aussi pour faire comprendre ce que veux dire le film au-delà de ses apparences trop persuasif pour être autres.
Donc, lors de cette scène (oui toujours) ces femmes défilent devant l'admiration de Suleiman qui est tranquillement assis à une table d'un café. Il n'est là que pour absorber leurs beautés portée par les ralentis et une musique vendeuse mais efficace. Une parenthèse par sa durée excessive mais enivrante, malgré tout très charmante, bien qu'il y en ait d'autres. Mais après tout, c'est aussi ça le cinéma.
Progressivement tout change dans cette ville qui semble perdre de son sens, à première vue. Une critique satirique qui n'est pas que pour la France, et faire comprendre d'une autre manière la situation. Les Américains aussi ont le droit à leurs moments dans ce film notamment.
Une œuvre sublime et très inventive que je conseille fortement.