Le choix de Polanski est de traiter l'affaire Dreyfus, sans se concentrer sur le personnage principal qui est au cœur de la tourmente. Pour aborder ce fait historique, le réalisateur choisit de porter l’éclairage sur le lieutenant-colonel Picquart. C'est par le biais de cet homme devenu charger du renseignement Français que la vérité va éclater. L'objectif de Picquart n'est pas de réhabiliter Dreyfus, mais les preuves de l’innocence de cet homme vont lui tomber dans les mains. Il va donc creuser un peu, et se faisant lier son destin à celui du traite de la France. Si l'idée de ne pas prendre le personnage de manière frontale est bonne, il réside dans ce film de nombreux problèmes. Le premier d'entre eux est le contexte historique dans lequel se déroule l'affaire. Polanski montre constamment la haine dont fait preuve le peuple français envers les Juifs. Les propos des militaires dénigrent de façon permanente Dreyfus. Dès que son nom est évoqué ou simplement l'affaire, on ne parle pas de l'homme, mais du Juif. Le mot Juif est prononcé à de nombreuses reprises. Il est à tel point dit qu'on pourrait croire assister à un épisode de South Park dans lequel Cartman répète, Juif, Juif, Juif, à tout bout de champ. On prononce tellement le mot que ça en devient caricatural. Et Polanski oublie une chose, de développer le pourquoi de cette stigmatisation des Juifs. Tous les tord de la société semble être portés sur les Juifs, c'est fait de façon totalement gratuite. C'est peut-être bien une volonté du réalisateur que de traiter de cette manière ce sujet, mais finalement ça n'explique rien et ça semble aussi gratuit que le comportement des Français face aux Juifs. Quelle est la situation du pays à l'heure de cette histoire, Polanski ne prend pas la peine de la décrire.


Dans la série des problèmes, certains comédiens sont exécrables, en premier lieu Louis Garrel. L'acteur inflige un ton ridicule à son personnage de Dreyfus. Il le veut sérieux et grave, seulement son ton est totalement à côté. Son incarnation est grotesque. Emmanuelle Seigner comme à son habitude est nullissime. Heureusement qu'ils sont entourés par tout un tas d'autres acteurs qui relèvent le niveau. Notamment Dujardin, quoiqu'il soit lui aussi touché par instants par un jeu forcé. Faire passer à l'écran des émotions ne se résume pas à prendre un air de chien battu lorsqu'on est triste et afficher un large sourire lorsqu'on est heureux. Là c'est la direction d'acteurs qui est à mettre en cause, Polanski ne donne pas les bonnes indications à ces acteurs. Pour la plupart des seconds rôles ils savent comment mener leur barque de jeu, c'est le moyen de ne pas faire pâtir le film de ces mauvaises marques de jeu. L'un des autres points noirs se trouve dans l'approche de l'histoire. Celle-ci est narrée avec de gros sabots, Polanski cherche à la rendre lisible de tous et pour cela il n’hésite pas à survoler pas mal de choses. Pas besoin d'avoir une grande connaissance du sujet pour se rendre compte de la grossièreté avec laquelle le réalisateur manipule les choses. Il cherche à les faire entrer dans son film et tant pis si c'est à coups de pied qu'il arrive à les inclure. Le travaille de l'image est bon, le rythme n'est pas toujours efficace. Il s'affaisse à de nombreux endroits, mais globalement c'est cet élément qui porte le film. Il est tout de même fort regrettable d'utiliser un fait historique tel que celui-ci pour ne rien faire passer du contexte de l'époque. Polanski ne se donne jamais la peine d'expliquer l'environnement de cette France. Les pains dans ce film sont forts nombreux, pourtant Polanski a reçu le César de meilleur réalisateur pour ce film. Du point de vue visuel c'est bien exécuté mais pour le reste c'est loin d'être ça.

Heurt
6
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le 24 mars 2020

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