Un coup d'épée dans l'eau, point de vue histoire, mais je ne peux pas m'empêcher de trouver ce film sympa. Et sympa, c'est une qualité rare. Évidemment, c'est cousu de fils blancs et truffé de poncifs, mais il faut avouer que ça devient difficile de trouver des histoires originales de bout en bout quand ça fait plus de 4 décennies qu'on regarde des films. Alors allons-y pour cette histoire de sexagénaire qui se tape une jolie petite crise existentielle, (on pense à Bacri dans Une femme de ménage) à cause des réseaux sociaux (on pense à White Nights in Seattle, le décalage technologique en plus) : le gars découvre les joies d'Intagram et fait une rencontre qui va bouleverser sa vie, qu'on pouvait croire finie à force d'être toute tracée. Évidemment, rien ne va se passer comme il l'attendait, et le film s'oriente plutôt vers ce film d'aéroport avec Tom Hanks, que j'ai enregistré vingt fois et jamais regardé, ne me demandez pas pourquoi. Finalement, j'ai plongé tête baissée dans ce que j'évitais depuis 20 ans, donc, et je ne m'en porte pas plus mal. C'est même la partie la plus originale de l'histoire : comment l'aéroport de Séoul constitue un microcosme autonome, dans lequel on peut se perdre 10 jours sans parler un mot de coréen. On pense un peu à Lost in Translation, aussi. Mais bon, voilà, à force de penser à ci et à ça, on est en droit de se dire que l'originalité est le maillon faible de cette histoire gentillette, et on n'aura pas tort. Sauf que c'est le côté gentillet, justement, qui rafle la mise. Au moins en ce qui me concerne : le personnage incarné par Chabat est un vrai gentil, sans une once d'agressivité, qui navigue au radar dans les brumes d'une existence routinière et redécouvre sa capacité à rêver quand une trentenaire de Séoul lui raconte des bobards. Pourtant, la première partie du film décrivait un environnement qui pousserait la moitié de l'Afrique à quitter son foyer sur une coquille de noix pour débarquer au Pays Basque. Mais c'est l'un des paradoxes (insuffisamment) développés par cette histoire de bilan douce-amère : la réussite à l'occidentale produit plus de dépressifs que la misère des bidonvilles. Heureusement, les enfants du film, deux grands costauds bien affirmés, oublient d'être d'immondes ingrats, comme dans d'autres scénarios semblables, et, bon an mal an, la petite famille apparemment traditionnelle vogue vers un nouvel équilibre, plus fragile, plus tendre et moins codifié. Un changement de paradigme assez bienvenu, en somme, qui permet de ressortir de là plutôt repu en dépit des défauts que j'ai pointés plus haut.