Field of Dreams n'a aucun sens.
Je pourrais effectivement m'arrêter là, mais je vais quand même vous en dire un peu plus.

Un beau jour, en plein travail, Ray alias Kevin Costner entendit une voix lointaine lui murmurer " Si tu le bâtis, il viendra" tout émoustillé, notre sympathique fermier en parle à sa femme qui le prend plutôt bien sachant que son mari communique avec un champ de maïs. Le lendemain ce n'est pas simplement une voix mais une vision qui s'impose à lui, c'est donc en toute logique qu'il décide de raser la moitié de ses récoltes quitte à se retrouver ruiner pour construire un terrain de Baseball et voir ce que tout ça va donner. Bien lui en a pris puisque la nuit tombée, un célèbre joueur de baseball décédée depuis longtemps Ray Liotta alias Shoeless Joe Jackson fait son apparition pour une petite partie...

Pour tout vous dire, c'est avec un apriori très négatif que je me suis lancé dans cette aventure et dès le début mes craintes se sont rapidement accentuées. Roman photo en introduction accompagnée par quelques notes de piano insipides, et puis cette voix lointaine qui arrive, le décor est planté, nous sommes dans une ferme isolée, mes vieux démons ressurgissent. Vais-je revivre le cauchemar vécu en visionnant Signes, la purge de Shyamalan ou au contraire avoir une sacrée claque comme avec Take Shelter de Jeff Nichols ?

De plus, un élément particulièrement angoissant s'immisce avec insistance dans mon subconscient, Costner dans le rôle titre... avec lui on ne sait jamais trop à quoi s'attendre. S'il s'en sort relativement bien quand il swing avec Croc Blanc, pique l'argent des riches pour le donner aux pauvres ou se lie d'amitié avec un jeune garçon. Il reste cet homme ridicule vivant dans un monde d'eau, celui qui sacrifie sa vie pour sauver un chien quand son fils est un dieu ou encore ce foutu garde du corps. Et le bougre commence mal, éteindre la télé alors que sa fille regarde un film avec Jimmy, c'est un crime. Alors oui l'analogie avec Harvey dans lequel James Stewart a pour meilleur ami un lapin géant que personne ne voit alors que lui même entend des voix n'a pas dû le faire sourire, mais quelle cruauté. Pour quelqu'un qui se pose des question sur la paternité, sache le Kevin, c'est une très mauvaise approche.

D'autant que si j'insiste autant sur ce point qui semble anodin, c'est pour une bonne raison. Je subodore que ce film est en réalité à sa façon un petit hommage à la filmographie de Capra et plus précisément au chef d’œuvre It's a Wonderful Life, et que de ce fait, l’illustration d'un Stewart figure emblématique du réalisateur en fond sonore n'est pas dû au hasard. Alors tout n'est pas parfait bien sûr, tel un junior timide affrontant l'une de ses idoles et souhaitant bien faire, il y a de très nombreuses imperfections parfois même proches du risible. Le soucis du timing, le rythme, la direction d'acteur et le génie de Frankie ne sont pas là mais les intentions sont louables. Et puis se payer le luxe d'obtenir Dark Vador dans un film qui traite des relations père fils et des conflits que ça engendre ne peut décemment pas être déconseillé.

Alors oui, Field of Dreams n'a aucun sens effectivement, mais petit à petit, je me suis malgré tout laissé embarquer par cette fable fantastique dans laquelle la naïveté prend le dessus sur la raison et donne le sentiment que tout est possible. Mélange de Road Trip, de nostalgie, et de mélancolie, enveloppé dans une forte couche de Baseball, peut être indigeste par moment, abordant des thèmes récurrents comme la vie, l'espoir, les rêves, la mort avec candeur. Le récit navigue en eaux troubles réussissant à se maintenir à flots, jusqu'à sa jolie révélation finale qui bien qu'attendue prend tout son sens. Un petit conte de fée moderne sans prétention qui ne plaira pas à tout le monde, bourré de petits défauts et de maladresses, n'arrivant pas à la cheville de ses illustres ainés, il reste malgré tout attachant et rien que pour la présence de Burt Lancaster, je n'ai pas perdu mon temps.

Ps : Kevin, si tu veux un Oscar, pas besoin de perdre du poids ou de dénoncer le racisme dans une épopée interminable. Trouve un rôle dans lequel tu seras un joueur de base ball retraité qui adopte un loup, remonte dans le temps et kidnappe un enfant pour devenir son meilleur ami, et tu l'auras ta statuette. Sans rancune hein, enfin presque, je n'oublierais jamais que c'est en parti ta faute si on a du subir des "I Will Always love you " à toutes les sauces depuis plus de 20 ans.

Critique lue 1.9K fois

23
6

D'autres avis sur Jusqu'au bout du rêve

Jusqu'au bout du rêve
Sergent_Pepper
2

Les moissons du miel

Cours de français des 4è B. Ghyslaine Syntre, professeur, prend la parole. - Bonjour à tous. Dans le cadre de notre grand projet pédagogique « Mythologie, accomplissement personnel et citoyenneté »...

le 28 mars 2014

57 j'aime

23

Jusqu'au bout du rêve
DjeeVanCleef
5

Dream On

Un peu d'Histoire pour commencer. Le Base-ball a été inventé aux alentours du Moyen-âge en Magrébie (entre 1801 et maintenant) dans un coin de Petite Kabylie par un Berbère du nom de Takfarinas...

le 28 mars 2014

50 j'aime

18

Du même critique

Interstellar
Kobayashhi
10

All you need is love, love, love, love...

Aïe Aïe Aïe, nous y voilà, Interstellar, le film dont on ne doit pas prononcer le nom, celui qui déchaîne les passions, film de la décennie pour certains, arnaque pour d'autres. Déjà moqué pour ces...

le 6 nov. 2014

488 j'aime

23

Mad Max - Fury Road
Kobayashhi
9

My Name is Max, Mad max !

Putain........................... Du moment où les lumières se tamisent jusqu'au générique de fin laissant traverser le nom de Georges Miller, je suis resté scotché dans mon siège, halluciné par le...

le 14 mai 2015

301 j'aime

27

Whiplash
Kobayashhi
8

Do, Ré, Mi, Fa, Sol, La, Si, J.K FUCKING SIMONS

J'ai quitté la salle il y a quelques heures maintenant, et pourtant j'entends encore les baguettes claquer contre les cymbales avec une fougue hors norme, ais-je perdu la raison ou suis-je encore...

le 24 déc. 2014

265 j'aime

5