Prudente irrévérence

Kick-ass aurait pu être une énième bouse produite pour faire bander des adolescents boutonneux en manque de sensations fortes. Il aurait pu être une parodie versée dans la débilité, enfoncée par des références de bas-étage. Mais cet ovni un peu geek survole le monde des comics sans plantage magistral.

Dès les premières minutes, apparaît nettement une volonté de se démarquer par la recherche d'un certain pragmatisme. L'histoire que nous raconte Dave, alias Kick-ass, s'inscrit dans le monde réel, un monde marqué par l'univers des comics qui s'est développé depuis les années 30 jusqu'à faire partie intégrante de notre héritage culturel. Ici, la naïveté de l'adolescent et la virtualité de la bande-dessinée sont confrontés à une réalité qui se veut brutale et percutante quoique - et c'est dommage - sans éviter de tomber dans l'excès caricatural et les clichés du genre.

Kick-ass est un film de contraste, jusque dans son montage. On alterne les tranches de vie d'une morne banalité et les scènes d'action débridées soutenues par une bande-son électrisante.
Si l'impact de Dave sur l'histoire reste relativement secondaire, il fait le lien avec le spectateur et le monde réel pour trancher avec le duo Hit Girl/Big Daddy, fantasme tout droit sorti des comics qui s'incarne devant lui dans des gerbes d'hémoglobine. La réalité bascule et prend des airs de jeux vidéo, mené par une parodie de Batman et une naine à perruque violette qui explosent les méchants au gros calibre - too much mais tellement jouissif...

Kick-ass réussit sans aucun doute à casser les codes. Mais avec prudence. Les personnages véhiculent un cortège de clichés, parfois amusants mais parfois agaçants. L'ensemble est dynamique et prenant, les références et les hommages sont nombreux, malheureusement le final tombe dans un ridicule suranné plutôt décevant qui nous fait douter d'une vraie irrévérence dans ce film.