I want my MTV

J'avais pas mal entendu parler de Kingsman et, si je n'étais jamais allé le voir au cinéma, les bandes annonces m'avaient plutôt alléché : un film d'action qui m'avait l'air plein de second degré, voilà qui ne me faisaient pas attendre le prochain oscar, mais au moins un film sortant un tant soit peu du lot nauséeux de blockbusters disponibles dans tout mauvais cinéma. Sans même savoir à l'époque que le réalisateur de Kingsman était aussi celui de Kick-Ass, j'attendais finalement quelque chose dans cette même veine. Rapidement, le film raconte l'histoire d'un jeune, loin d'être nanti, qui intègre peu à peu une compagnie de gentlemen espions (Kingsman) et qui va devoir sauver le monde avec eux.
Me voilà donc, un soir, lançant le film (en VO, histoire de mettre toutes les chances de mon côté) avec l'idée de passer une bonne soirée.

Première scène, et déjà un sourire se dessine sur mon visage : Money for Nothing comme chanson d'ouverture, c'est splendide. Et pour ce qui est de la musique, j'avoue avoir passé un très bon moment : la B.O. est assez géniale. Mais quand vient la fin d'un film et que je me dis que la musique a été le point le plus positif, j'ai tendance à me dire que j'aurais du passer la soirée à écouter un CD.

Car le reste ne présente à mes yeux aucun intérêt. Le film s'embrouille entre les codes qu'il prétend dénoncer et provoquer et ceux qu'il récupère allègrement en s'y embourbant. Je ne vois dans Kingsman qu'une suite de parodies ratées ou de tentatives qui sont allées soit trop soit pas assez assez loin : le réalisateur reste toujours le cul entre deux chaises. Des gadgets d'espion soit complètement loufoques, soit complètement classiques, auraient par exemple été sympathiques. Mais là, ça ne correspond, dans l'ensemble, ni à la classe des Kingsmen, ni au côté déjanté nécessaire selon moi à une bonne parodie.

La violence est souvent mise en avant dans le film, sans aucun doute pour faire la nique à la lisseur des Avengers et autres blockbusters étrangement dépourvus d'hémoglobine malgré la place centrale qu'ils font à la bonne grosse baston. Mais là, aussi, Kingsman s'arrête à mi-chemin entre un traitement réellement intelligent de la violence et celui des blockbusters qu'il prétend caricaturer. Au final, le sang coule pour le principe, mais les scènes qui le mettent en avant me font plus penser à un enchaînement particulièrement long dans Assassin's Creed qu'à une scène de film : on est loin d'un Tarantino ou de la série Hannibal et trop près d'un mauvais film de kung fu.

Quant au méchant... et bien il est rigolo. Non vraiment, j'admets, Samuel Lee Jackson joue un excentrique ma foi fort convaincant. Pour moi, c'est un antagoniste très second degré à la personnalité bien rendue. Le seul souci sont ses motivations : sauver la Terre du virus dont elle est atteinte, c'est à dire l'Homme. C'est grosso modo le principe de la théorie Gaïa et c'est très intéressant d'un point de vue philosophique, qu'on soit d'accord ou non. De ce fait, je trouve ça extrêmement dommage d'avoir résumé le débat passionnant que le film aurait pu ouvrir à un combat entre les gentils démocrates et les méchants terroristes écolos.

Au final, Kingsman est pour moi un film qui tente de briller sur tous les tableaux, mais n'y parvient finalement sur aucun. C'est un James Bond qui aurait voulu avoir la force loufoque de Hot Fuzz, mais qui reste coincé entre les deux. Résultat : une bouillie assez insipide qui, si elle n'est pas insupportable à regarder, m'a profondément déçu.

PS : n'ayant pas lu les comics, je ne sais absolument pas si ce que je critique est imputable au réalisateur ou à l'auteur.