Quand King Kong arrive, d’autres monstres ne sont pas loin…
Lorsqu’est confié un projet d’une telle ampleur, pas la peine de passer le bébé à un réalisateur qui n’a pas encore fait ses armes. J’ai l’honneur de vous nommer Jordan Vogt-Roberts qui n’a de connu que d’avoir apposé son nom à cette énième production sur le Roi Kong.


Ici, nullement besoin de vous raconter l’histoire, le titre (« Kong : Skull island ») résume à lui seul ce déferlement d’aventures qui passent devant nos yeux pour une durée de deux heures. Ou quand un aventurier, une photographe de guerre et un corps d’armée investissent le territoire de King Kong. Va y avoir du grabuge, je vous le dis…


Ancré dans le contexte des 70’s (fin de la Guerre du Vietnam, Guerre froide), « Kong Skull island » n’en oublie pas de faire des clins d’œil à « Apocalypse now » (surtout lors de la rencontre des hélicoptères avec le roi Kong). Je suis en droit de me demander si c’est fait exprès tant on oublie les seventies lorsque les hélicos attaquent bel et bien le singe qui défend son territoire. Est-ce un parallèle voulu par le réalisateur que de montrer la Guerre du Vietnam en mettant King Kong dans la peau d’un jap’ ? Ou bien de renforcer cette image de la Guerre que les américains ont perdu ? A partir de là, en tout cas, exit les années 1970 et en avant l’aventure dans cette île crâneuse qui recèle bien des surprises à l’équipe envoyée sur place. Car oui, le film a été tourné au Vietnam. Etonnante coïncidence, non ?


Des surprises, moi aussi j’en ai eu.
Surtout de la part des effets spéciaux qui ont très bien été travaillés. Les lézards sont brillants et énormissimes au possible, les araignées géantes très appréciables (on aurait envie de les écraser), le phasme, bien sympa. Vous l’aurez compris, nous sommes en présence d’effets qui valent de l’or et servent admirablement bien l’histoire.
De même, Kong, rendu en performance capture (initié par Andy Serkis en 1999 pour les besoins de la saga de fantasy « Le seigneur des anneaux » qui en est devenu le fer-de-lance), rase tout sur son passage. Il est ce géant qui ne se laisse pas impressionner et qui gagne toujours tout. De quoi rester de marbre lorsqu’il détruit à lui tout seul l’armée américaine lancé à sa recherche. Du beau boulot, messieurs les superviseurs. D’autant qu’il s’agit de Toby Kebell qui a parfois été filmé pour rendre Kong aussi King. Bravo Toby ! On peut se souvenir de cet acteur car c’est lui qui a incarné le singe-méchant de « La planète des singes, l’affrontement ». Super !


Pour parler des acteurs, c’est un peu le vide abyssal. Je peux même dire konguesque. Ridicule, quoi.
Bon ok, ceux qui essayent de se démarquer sont John Goodman (l’habitué des frères Coen), Samuel L. Jackson (« Pulp fiction », « Shaft »… et vu dernièrement chez M. Night Shyamalan pour « Glass »), Brie Larson (« Room » lui a valu la consécration internationale avec l’obtention de l’Oscar de la meilleure actrice) et John C. Reilly (variant les genres avec brio : « La rivière sauvage » de Curtis Hanson, « Magnolia », « Aviator », et dernièrement « Les frères Sisters »). Soit respectivement, l’aventurier-menteur, le capitaine en chef, la photographe de guerre, et le vieux guerrier de 1939-45 qui a fait la rencontre avec les indigènes. Un bon casting, oui, mais très mal dirigé. Seule Brie Larson arrive à s’en sortir. Et encore.
Non, vraiment un casting bien mal exploité à l’image de Tom Hiddleston (habitué marvellien qui a pourtant joué avec Woody Allen, Spielberg, del Toro) qui ne s’impose jamais.
Pas étonnant donc de ne pas arriver à s’identifier à un personnage en particulier. La star reste ainsi Kong. Kong. Le roi.


Car oui, il y n’y a pas de mise en scène. Kong reste. Kong n’aide pas la mise en scène. Kong est géant et bride la mise en scène en des plans larges quasi-figés. Eh oui, filmer des monstres géants n’est pas chose facile. Il faut de la manière, du stylisme. Ici, ce n’est pas ce genre d’exercice mais plutôt nous montrer la beauté de l’île. C’est vraiment étonnant car la photographie n’est pas léchée et ne ravive pas la flamme d’une terre désolée et peuplée d’innombrables monstres. Non, ici, c’est la jungle arborescente puis ce cimetière qui arrive d’un coup, comme ça, sans explication. Des aberrations de montage, sans doute. Et puis, non. Pas de réalisation. Pas d’implication de la part du réalisateur. Pas d’émotion à fleur de peau. Ce n’est pas une île, c’est une hécatombe. Il n’y a rien, tout est dans l’enchaînement des aventures. Dans les mains des effets spéciaux. Mais ça ne fait pas un film.
Il manquait ici une profondeur d’esprit et une mise en abîme des personnages pour coller au mieux avec les références appuyées du réalisateur. N’est pas Merian C. Cooper, Peter Jackson, voire Francis Ford Coppola, qui veut. Dommage.


Pour conclure, « Kong : Skull Island » est bien ce blockbuster qui plaira aux aficionados des films de monstres. Dommage… .
Ames sensibles s’abstenir.
Spectateurs, voulez vous être Roi pour ce soir ?

brunodinah
4
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le 17 oct. 2019

Critique lue 143 fois

brunodinah

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