Début des années 70,alors que la guerre du Vietnam se termine,une mystérieuse organisation américaine proche du pouvoir obtient l'autorisation du gouvernement d'explorer une île inconnue du Pacifique pour y mener des recherches soi-disant géologiques.Escortés par des militaires ricains et un mercenaire anglais,les gars débarquent sur cette terre inconnue où bien des mauvaises surprises les attendent.Il pouvait paraître superfétatoire de produire encore un "King Kong",mais celui-ci se tire adroitement du piège de la redite en mélangeant divers éléments des films précédents tout en apportant des idées nouvelles.Le scénario de Max Borenstein,Derek Connolly et Dan Gilroy,le réalisateur de "Night call",s'inspire des bases établies par l'oeuvre originale de 1933.Toujours l'île inexplorée de Skull Island,toujours un groupe d'américains arrivant sur place,toujours la découverte d'un singe géant régnant sur les lieux,toujours une population de sauvages barricadés,encore la jolie fille de service dont le gorille va s'enticher.Mais on introduit ici des différences notables.Le prétexte de l'expédition par exemple est inédit.Si le "Kong" de 33 et celui de 2005 avaient pour prétexte le tournage d'un film,on est plus proche avec "Skull Island" de la version 76 où l'on cherchait un gisement de pétrole.Sauf que là le mobile n'est pas réellement celui invoqué.La composition du groupe est également inédite puisqu'il est ici essentiellement formé de militaires,ce qui va sérieusement augmenter le taux de violence de l'histoire.Quant à la romance entre Kong et la nana,elle est largement édulcorée par rapport aux opus précédents,même si elle est présente.Signe des temps peut-être,en attendant mieux.Car après tout,pourquoi est-ce toujours la fille qui doit se taper le singe?A quand un Kong gay qui va roucouler avec le héros viril?Qu'est-ce que c'est que cette franchise hétéronormée?Que font les ligues LGBT pour mettre fin à ce scandale?On peut remarquer aussi que le film se déroule entièrement,ou presque,sur Skull Island,alors que généralement la dernière partie avait lieu aux States,où on emmenait Kong après sa capture.C'est en quelque sorte l'antithèse du "King Kong 2" de 86,qui lui se passait totalement sur le territoire américain.Mais le film est surtout une suite de celui de 2005,signé Peter Jackson.Chronologiquement ça colle,Jackson situant l'action dans les années 30,et le style visuel ainsi que les péripéties se rejoignent,le point fort de l'oeuvre étant manifestement les apparitions régulières d'animaux surdimensionnés et les combats sauvages que ça engendre.A cet égard,on est bien servis:ça mitraille,ça charcle,ça déchire,ça avale,ça cogne,ça extermine,ça explose,dans un déchaînement d'ultra-violence gore sans filtre.Le réalisateur Jordan Vogt-Roberts,dont c'est seulement le second long-métrage ciné,orchestre ça avec assurance et énergie.Il faut dire qu'il a eu des moyens et qu'il peut s'appuyer sur une direction artistique de haut niveau.La photo de Larry Fong est magnifique et met en valeur de superbes paysages et des décors insensés.Rien n'a été oublié et la reconstitution d'époque est très convaincante,tandis que les effets numériques cartonnent et donnent un spectacle hallucinant.Il y a même du fond derrière ce cinéma pop-corn.Ainsi,on distingue nettement un discours écolo stigmatisant l'imbécile ambition de l'Homme voulant dominer la Nature alors qu'il en est incapable.Critique de l'impérialisme brutal des amerloques également,à travers l'irruption sur cette île où l'on commence par balancer des bombes sans réfléchir aux éventuelles conséquences,et via le personnage du colonel Packard,bête de guerre obtuse rappelant le colonel Nevitt de "King Kong 2",dont le goût du massacre et l'obstination stupide provoqueront une catastrophe.Il y a d'ailleurs dans le film des références à "Apocalypse now",avec ces hélicos volant en formation pour arroser le paysage,ou le mercenaire nommé Conrad,et bien sûr l'analogie qu'on peut établir entre Kong et le colonel Kurtz,deux "ennemis" que l'armée US veut abattre et qui contrôlent des jungles lointaines où ils commandent à des indigènes dévoués à leur cause.Des héros qui résistent à la folie envahissante du capitalisme prédateur, d'une certaine manière.Bon,comme souvent ça mouline un peu sur la fin,avec des temporisations,des répétitions ou des péripéties attendues,mais rien de trop gênant.Le film a coûté cher et on a donc un peu économisé sur le casting,composé de seconds couteaux.Ce qui ne veut pas dire mauvais puisqu'on a là de grands professionnels,notamment ces vieilles canailles de Samuel Jackson,impressionnant en officier taré,John Goodman,savoureux en apprenti sorcier manipulateur,et John C. Reilly,drôle et sympa en rescapé de la WW2 qui témoigne malicieusement de la pérennité de la guerre.Les jeunes premiers sont par contre bien fades,qu'il s'agisse du terne Tom Hiddleston,sans charisme et peu crédible en dur à cuire,ou de Brie Larson,très jolie mais au jeu fort limité.

pierrick_D_
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Les titres de critiques auxquels vous avez failli échapper

Créée

le 4 mars 2020

Critique lue 149 fois

7 j'aime

6 commentaires

pierrick_D_

Écrit par

Critique lue 149 fois

7
6

D'autres avis sur Kong : Skull Island

Kong : Skull Island
zombiraptor
5

Donc, et Kong ?

Olalalalalalalala. Bon bah voilà j'ai vu l'nouveau Kong. C'était pas bien. En gros le métrage ne sert à rien, s'esthétise à outrance pour rien, développe un bestiaire qui n'a ni pertinence, ni...

le 8 juil. 2017

92 j'aime

44

Kong : Skull Island
Velvetman
3

"Kong" comme la lune

Les blockbusters bestiaires commencent de plus en plus à fleurir dans le jargon hollywoodien, notamment quand celui-ci se réapproprie les mythes du passé. Quand ce n’est pas Gareth Edwards qui marche...

le 13 mars 2017

80 j'aime

4

Kong : Skull Island
guyness
4

Argent de liaison

Un peu trop longtemps, j'ai cru que les scénaristes hollywoodiens avaient perdu leur mojo à cause surtout d'un problème de rythme. Leur savoir-faire, ayant pris la forme d'un talisman finement...

le 12 mars 2017

79 j'aime

23

Du même critique

L'Exorciste
pierrick_D_
10

Critique de L'Exorciste par pierrick_D_

Chris MacNeil,actrice célèbre,loue une maison à Washington où elle tourne un film.Regan,sa fille de douze ans,se met à avoir un comportement relativement bizarre,genre visage qui se déforme et change...

le 21 avr. 2020

29 j'aime

22

Robin des Bois - Prince des voleurs
pierrick_D_
8

Critique de Robin des Bois - Prince des voleurs par pierrick_D_

12e Siècle,pendant la Troisième Croisade.Robin de Locksley,jeune noble anglais parti guerroyer avec les troupes de Richard Coeur de Lion,est prisonnier des arabes à Jérusalem.Il parvient à s'évader...

le 3 oct. 2022

28 j'aime

22

The Ghost Writer
pierrick_D_
7

Critique de The Ghost Writer par pierrick_D_

Un écrivain anglais raté décroche le pactole lorsqu'il est embauché pour rédiger les mémoires d'Adam Lang,ex premier ministre britannique très médiatique.Il se rend dans la propriété du...

le 14 nov. 2021

27 j'aime

8