N'ayant appris son existence, à ma grande honte, que trop tardivement, j'en fus très étonné vu sa réputation et surtout son casting réunissant deux pointures que sont Gene Hackman et bien sûr Al Pacino, bien plus parlant pour les profanes. Road movie typique de son époque où le vent de la liberté souffle dans ces rues envahies tantôt de poivrots, tantôt de femmes aguicheuses ou encore, au détour d'un voyage dans l'emblématique Volskwagen, de hippies et leurs chiards bruyants. Il y a un indéniable charme qui émane du film, reflet d'une ère cinématographique révolue. C'est l'histoire de deux hommes que tout oppose, l'un comique troupier, l'autre bourru impulsif, qui se croiseront un peu par hasard le long d'une route où un pelé et deux tondus passent par jour. Et déjà là ça m'a dérangé, Jerry Schatzberg élude un point crucial : le premier lien de confiance. On se retrouve la scène d'après dans un bar d'autoroute miteux où ils discutent normalement. Désolé mais avec toute la bonne volonté du monde, ça n'a pas pu passer.
Un road movie doit développer ses personnages. Il doit y avoir des interactions entre eux même quand leurs personnalités sont antagonistes. Et plus encore, il s'agit de creuser leur passé. Au vu des événements antérieurs, on tire la moue sur un survol quasi total de leur vie d'avant. Faire table rase du passé est une chose, ne jamais l'aborder en est une autre. Du coup, on a donc bien du mal à partager leurs souffrances et leurs regrets. Il ne s'agit pas d'une volonté de sur-expliquer mais de dévoiler un minimum leurs douloureux souvenirs. Et c'est dommage car ce défaut est comme le petit caillou que l'on attrape par inadvertance dans sa chaussure. Il ne nous empêche pas de marcher mais il dérange et on a hâte de le retirer. C'est une parabole qui peut s'accorder à L'Epouvantail.
Dans le genre fable de la misère sociale, on préférera l'excellent Macadam Cowboy.