Jack Worthing (Colin Firth) se rend souvent à Londres afin d’aller voir son frère Constant, et le tirer de situations impossibles dans lesquelles ce vaurien aime à s’enfoncer. En réalité, ce frère n’existe pas, mais constitue juste un prétexte à Jack pour fréquenter la haute société londonienne à travers les relations de son ami Algernon (Rupert Everett). Il y rencontre notamment la cousine d’Algernon (Frances O’connor), avec il compte bien se marier, quoiqu’en pense la tante de sa bien-aimée, Augusta (Judi Dench). Mais les choses ne font que se compliquer lorsque Jack, qui cherche à se débarrasser de son frère imaginaire devenu trop encombrant, voit débarquer dans son manoir Algernon afin de séduire la pupille de Jack (Reese Witherspoon) sous un nom d’emprunt : Constant Worthing…


Chef-d’œuvre du théâtre victorien, L’Importance d’être Constant d’Oscar Wilde ne pouvait échapper à une adaptation cinématographique. Ce sont heureusement les studios Ealing (Noblesse oblige, Tueurs de dames, L'Homme au complet blanc) qui s’en sont occupés. Du point de vue du casting, on a le droit à la fine fleur de la comédie anglaise (Rupert Everett, Judi Dench, Frances O'Connor, Tom Wilkinson, et même une très courte apparition d'Edward Fox), menée par un Colin Firth impeccable comme à son habitude. Sans être particulièrement exceptionnelle, la réalisation d’Oliver Parker (connu pour ses autres adaptations de Wilde Un mari idéal ou Le Portrait de Dorian Gray, mais aussi pour Johnny English: Le Retour) est plutôt efficace, mais ne peut s’empêcher de basculer parfois dans le kitsch, voulant trop en montrer au spectateur, notamment lors des visions lyriques causées par l’imagination de la pupille de Jack, peu utiles… De même, quelques légers manques de goût ont tendance à tirer cette adaptation de Wilde, sans conteste un des auteurs les plus fins et talentueux que l’Angleterre (et la littérature !) ait jamais connu, vers le théâtre de boulevard.
Heureusement, les dialogues sont, eux, rigoureusement fidèles à la pièce d’origine, malgré quelques coupes nécessaires. Et c’est surtout cet enchaînement de mots d’esprit, qui constituent autant de perles à retenir, qui emporte l’adhésion du spectateur, Oscar Wilde étant un véritable funambule jonglant avec les mots comme personne, constamment en équilibre entre une délicieuse – car discrète – immoralité et un esprit d’une finesse incomparable. Et Oliver Parker a su restituer l’univers wildien avec une telle vie qu’on est prêt à lui pardonner toutes ses petites fautes pour goûter un spectacle comme seuls les studios Ealing ont su nous en offrir en leur temps.

Tonto
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le 30 août 2016

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