La Belle Personne par Charlotte Brontë
Il fallait bien que le nom de Nemours nous fasse faire le rapprochement avec La Princesse de Clèves parce que sinon, il n'y aurait eu que le générique pour nous le dire. En dehors de cette référence explicite, il est tout de même difficile de voir dans ce film une adaptation, ou alors tout triangle amoureux en est une adaptation.
Cher M. de Nemours, dont est éprise Mme de Clèves, qu'êtes-vous donc devenu ? Il est difficile de confondre le personnage campé par Louis Garreil avec celui du roman. Malgré le charme et le charisme de l'acteur, il reste un personnage superficiel et manque vraiment de profondeur. On voit un professeur dont l'autorité paraît peu crédible au vu de son attitude qui dépasse les limites du désinvolte avec ses élèves. Il semble multiplier les conquêtes au gré de ses humeurs, ce qui fait que son prétendu amour pour la jeune Junie, qui arrive après Marie et Laurence, passe difficilement pour autre chose qu'un caprice de jeune homme qui se lance dans une nouvelle conquête.
L'histoire d'amour entre son élève et lui reste tout au long du film peu crédible, éphémère et superficielle. L'environnement lycéen et les errances du scénario autour des amours adolescentes du groupe d'amis dont fait partie Junie confirme cette impression générale. C'est là que se perd malheureusement un peu le film, parce que l'histoire manque alors de crédibilité et une grosse partie du film a tendance à dériver vers un tas d'amourettes de lycéens qu'on a du mal à suivre et à prendre au sérieux.
Une réécriture de l'histoire de la princesse de Clèves et de M. de Nemours qui nous donne à voir une vision de l'amour désenchantée, et nous invite à le penser léger et éphémère, allant ainsi totalement a contrario du livre. Mais le comportement excessif de Nemours, le suicide d'Otto, la fuite de Junie à la fin ne concordent pas avec cette tonalité : ce sont des conséquences dramatiques, graves, qui surprennent le spectateur car elles ne sont alors pas justifiées au regard de la superficialité de l'amour qui nous est conté. Si dans la bouche de ces adolescents il apparaît si sérieux, le spectateur adulte lui a besoin d'un peu plus que ça pour le prendre au sérieux, d'autant plus lorsque l'un des protagonistes est lui un adulte, et ici en l'occurrence un homme qui a de l'expérience et de l'intelligence, ce qu'il ne montre malheureusement pas, se comportant lui aussi comme un adolescent, tombant amoureux, aimant lui aussi comme un adolescent.
Restent deux grande qualités à ce film que sont ses deux acteurs principaux, Léa Seydoux, sublime, et Louis Garrel, dont le charme et le charisme indéniable auraient selon moi mérité de porter un personnage plus profond.