Sfar a dû voir, dans le trouble ménagé par ce polar où l’héroïne se retrouve plongée dans un état de confusion extrême au point que délire et réalité se confondent, un espace d’expérimentations propice aux inventions visuelles et aux jeux avec le spectateur. C’est en tout cas ce vers quoi est tournée sa réalisation.
Le jeu, on le retrouve dès le titre à rallonge du film (qui fait très « Jeunet »). Par deux fois, Sfar le fera défiler lettre après lettre à l’écran avec un plaisir évident. Sfar s’amuse aussi à « bédéiser » le montage en utilisant dans des séquences de split screen les différents écrans comme autant de cases de BD. C’est inventif, intéressant et particulièrement approprié à cette histoire de machination où tout semble déjà avoir été joué d’avance.
Mais quelque chose ne passe pas. A force d’être ludique, Joann Sfar échoue à conférer un sérieux, une importance, à cette histoire. Les qualités relevées plus haut apparaissent comme des affèteries. Dès le début, les cassures systématiques des séquences, les sautes dans le temps, font que le film crie sa nature de puzzle. Cette artificialité semble vite totalement vaine et n’avoir d’autre but que d’embrouiller le spectateur. D’où l’impression d’une sophistication superfétatoire, tape-à-l’oeil, parfois maladroite.
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