Un premier film important qui frappe en plein coeur

Rarement premier film aura été habité par tant de grâce. LA DANSEUSE est un film à la beauté plastique frappante qui pose des questions essentielles sur l'artiste et son art. Le tout magnifié par une interprétation au diapason.


Les premiers plans de LA DANSEUSE sont d'une beauté presque écrasante. De quoi éveiller la méfiance d'un spectateur qui s'est déjà fait avoir par des promesses pas tenues sur la durée d'un film. Mais ici, rien de tel. Stéphanie Di Giusto restera maîtresse de son heure jusqu'au dernier plan, solaire et apaisant.


L'histoire est connue. Elle suit la jeune Loïe Fuller, fille de ferme américaine qui se rêve actrice, lorsque celle-ci s'impose dans le monde de la danse à force d'obstination et de passion. Le film vire rapidement, sans jamais oublier sa dimension de récit passionnant, au portrait de l'artiste face à son art. Loïe Fuller, divinement incarnée par Soko, ne sera jamais apaisée tant que son art ne sera pas totalement maîtrisé. Et tant pis si elle doit y briser son corps et faire abnégation de sa vie personnelle. Elle a rêvé être une artiste et elle ne renoncera pour rien au monde, quitte à s'effacer totalement derrière sa danse, se couper du monde et fuir le bonheur.


Sans jamais oublier de raconter une histoire, Stéphanie Di Giusto met son spectateur face à la condition intime de l'artiste. Elle dresse le portrait d'une femme qui ne s'aime pas et qui ne s'estime pas. Seul trouve grâce à ses yeux ce qu'elle est capable d'accomplir sur une scène. Le spectateur est alors embarqué dans un destin incroyable où la fragilité butée de Soko est le meilleur des guides.


La promotion du film ne manquera pas de mettre l'accent sur la présence de Lily-Rose Depp au générique. Cette dernière, véritablement radieuse, incarne une jeune Isadora Duncan qui est l'exact opposé de Loïe Fuller. Là où l'une doit batailler pour créer, l'autre se laisse porter par son inspiration. Lorsque l'une estime que son physique pourrait déplaire au public s'il n'était magnifié par les éclairages, l'autre charme le monde en un sourire. Mais le personnage de Duncan est bel et bien une intrigante vite antipathique alors que Fuller reste comme un être entier et totalement dévoué à son art.


Récit maîtrisé, film esthétiquement irréprochable qui ose le questionnement sur le beau et son essence profonde, LA DANSEUSE est un choc qu'il est difficile d'oublier.

BertyLagacherie
10
Écrit par

Créée

le 25 sept. 2016

Critique lue 497 fois

2 j'aime

Critique lue 497 fois

2

D'autres avis sur La Danseuse

La Danseuse
PierreDescamps
5

Une valse à 4 temps

Techniquement magnifique, La Danseuse pêche clairement au niveau de l'écriture brouillonne et du traitement superficiel des personnages. Film d'époque, on est d'abord porté par l'histoire de Loie...

le 14 mai 2016

21 j'aime

1

La Danseuse
eloch
9

Elle

Pour son tout premier film, Stephanie Di Gusto a choisi de raconter la vie d’une danseuse méconnue : Loïe Fuller, qui croisa la route d’Isadora Duncan. Plus qu’une danseuse-étoile, Loïe...

le 30 juin 2016

19 j'aime

5

La Danseuse
mymp
5

La Fuller de vivre

C’est en découvrant une photo noir et blanc de Loïe Fuller, dansant dans un extraordinaire tourbillon de formes et de voiles, que Stéphanie Di Giusto se passionna pour cette artiste qui, à la Belle...

Par

le 21 sept. 2016

14 j'aime

Du même critique

Dracula
BertyLagacherie
5

Dispensable

Clarifions déjà un premier point. Non, contrairement à ce que pouvait laisser penser le trailer, Besson ne remake pas le film de Coppola. Le point de départ est le même, mais une fois la damnation de...

le 30 juil. 2025

6 j'aime

2

Super Mâles
BertyLagacherie
8

Adaptation réussie

Voici donc l’adaptation française de la série espagnole Machos Alpha. Et il faut bien avouer que c’est une réussite. L’essentiel de ce qui fait le charme de la série espagnole est bien présent, mais...

le 26 janv. 2025

6 j'aime

Et plus si affinités
BertyLagacherie
4

Mais quel intérêt ?

Oui, quel intérêt à ce film ? Non parce que c’est du théâtre filmé dans ce que ça a de moins intéressant. Il n’y aucune intention cinématographique dans ce huis clos sans rythme. Le casting est bon,...

le 5 avr. 2024

6 j'aime

2