À la fois relecture moderne et adulte du mythe de la belle et la bête et hommage désuet et plein de charme au cinéma des années 50, le dernier Guillermo Del Toro rappelle le Tim Burton des débuts, celui d'avant Disney. Il y a clairement du Edward aux Mains d’Argent dans son amour sincère de ses personnages, des outcasts dont on entend pas la voix, qu’ils soient muets, homo, noir, femme au foyer ou intellectuel, et dont l'union, au-delà des différences, fera la force. Beau message à une époque où règnent la division, le communautarisme et la compétition victimaire.
L’inversion des rôles du prince et du monstre entre l’Américain testosteroné (incroyable Michael Shannon, un des meilleurs acteurs de sa génération) et la bête aquatique est certes un peu cousue de fil blanc, mais elle n’en demeure pas moins touchante de sincérité
La naïveté de l’ensemble fera sans doute tiquer les cyniques, mais le talent d’enchantement de Del Toro prend le dessus, y compris quand il force un peu lors de scènes musicales pas forcément indispensables. Il faut dire que rayon mise en scène, le Mexicain n'a pas volé sa statuette.