... eh ouais, je suis encore tombé dans le panneau publicitaire ; ce n'est pas la première fois que ça m'arrive, ce ne sera sûrement pas la dernière, et je crois savoir que je ne suis pas le seul à avoir vécu cette sensation : il y a eu une telle promotion autour de ce film (au moment de la saison des récompenses cinématographiques) que je m'attendais plus ou moins inconsciemment à voir un chef-d'oeuvre ; au lieu de ça, je n'ai vu qu'un très bon film...
Malgré cette pointe de frustration, le plaisir était cependant bien là, et les points forts de cette oeuvre fantastique sont suffisamment nombreux pour me laisser un souvenir plus que positif de cette expérience : un scénario solide du début à la fin, une bande originale impeccable, une esthétique globale très agréable, une retranscription multi-thématique réaliste du contexte du début des années 60, des personnages crédibles, servis par des acteurs/actrices talentueux(ses) à qui on a apparemment laissé un certain degré de liberté dans leur jeu, et ça se voit ! Sally Hawkins, tu n'as pas volé tes nominations !
Mais au-delà de toutes ces qualités, il est intéressant de s'attarder sur le contraste détonnant mis en relief entre l'Amphibien (Doug Jones) et le Colonel Strickland (Michael Shannon), élément central autour duquel beaucoup des évènements gravitent. La dichotomie entre l'humain et le bestial a certes déjà été dépeinte à plusieurs reprises dans d'autres films, séries ou romans, mais Guillermo del Toro nous la présente ici à sa manière, au travers de ces deux personnages magnifiquement travaillés et interprétés : entre cet homme et cette bête, le plus humain des deux n'est bien sûr pas forcément celui que l'on croit, et jusque dans leur façon de faire l'amour à une femme, absolument tout les oppose dans leur comportement. On pourrait éventuellement y voir un manichéisme trop marqué, mais cela ne paraît pas vraiment dérangeant dans cette histoire, car plus ou moins inévitable.
Je ne vais pas m'étaler davantage de peur d'en dire trop, mais sachez juste que la dernière scène de ce film est une pure merveille...