Alberto Rodriguez est un réalisateur qui aime prendre de la hauteur au sens figuré comme propre (vu le nombre de plans en plongée haute qu’il aime nous montrer !). Il signe là un film policier de bonne facture, plutôt bien écrit et interprété. Il réussit également à nous faire saisir tout le malaise de la société espagnole d’alors, sortant d’un franquisme dur. Ok mais après ? Car « La Isla minima » est un peu plan plan et ne s’écarte jamais de l’objectif du film carré. Ce manque d’originalité, malgré quelques tentatives (fausse piste ésotérique, humour caustique) plombe le film et le spectateur également. Récompensé par 10 Goya on pouvait s’attendre à du grand cinéma espagnol, déroutant à la De Iglesia, percutant à la Saura ou décalé à la Almodovar. Nous sommes à des années lumière cinématographiques de tout cela. Comme quoi les remises de prix sont parfois injustes, on se rappelle chez nous d’ailleurs qu’en 1983 les Césars ont couronné « La balance » meilleur film écartant de fait « Danton » de Wajda, « Passion » de Godard et Une chambre en ville » de Demy. Qui se souvient vraiment de « La balance » ?