Le king des Golden Globes. L'immense favori des Oscars. Adulé par la critique comme par le public, La La Land a déjà fait coulé beaucoup d'encre et dans le bon sens du terme. On n'entend que très rarement critiques et spectateurs être à l'unisson lorsqu'il faut parler d'un film, et ce fut pourtant le cas pour La La Land. Damien Chazelle a réussi, à 32 ans, à conquérir le cœur de tous et ce sans contestation. Il frappait déjà un grand coup avec Whiplash qui est resté dans ma mémoire comme un film très enthousiasmant mais aussi dur et assez sombre, et dans lequel il montrait une vraie maîtrise de son sujet tout en imposant son style. Toujours dans l'univers de la musique, Chazelle passe au contraire à un genre beaucoup plus coloré mais toujours aussi enthousiasmant avec cette comédie musical sur fond de jazz et de palmiers.
Oui, ce film est une réussite. Ne serait-ce qu'artistiquement (surtout artistiquement en fait), il est une réussite. Les plans séquences, nombreux, sont léchés, propres, et apportent le mouvement qu'il faut. La caméra également, très dynamique même dans des scènes parlées, conserve l'aspect vif et le rythme endiablé du film. Les mises en scènes des chansons sont folles, surtout celle de la scène d'ouverture que l'on voudrait qu'elle ne s'arrête jamais ou encore d'autres dans des clubs de jazz. Les chorégraphies sont belles, les couleurs aussi; la musique, bien qu'assez oubliable, reste très agréable à écouter, et la plupart des plans à regarder. Bref, c'est un film artistique (certes tout film est artistique). Est-ce que cela s'arrête là ? Malheureusement, c'est un peu le cas.
Tout d'abord parce que la narration est très linéaire mais c'est finalement le cas pour la plupart des comédies musicales "banales". Mais La La Land était annoncé comme différente des autres du même genre. Le film aurait très bien pu se résumer avec ses 40 minutes d'introduction et de conclusion. Les 20 premières sont excellentes et introduisent parfaitement le propos et les personnages. Mais derrière celles-ci, c'est un peu vide. On s'ennuie assez rapidement et si les chansons n'avaient pas été là, le dodo n'aurait peut-être pas été si loin. Les personnages n'évolue que très peu au cours de l'heure et demi qui sépare l'intro de la conclusion et l'histoire est assez inintéressante. Tout cela ne prend en profondeur qu'à la fin et c'est dommage. Ensuite s'ajoute une scène de dispute ratée où les cuts trop nombreux jurent avec le dynamisme du film ce qui la rend insipide, sans émotions. Le fait de vouloir couper net avec les mouvements de caméra rapide est louable, mais enlève du charme au film et de l'intensité à la scène. Et encore une fois, c'est dommage.
Mais malgré tout ces défauts, qui ne sont finalement pas si nombreux, je voulais finir cette critique sur un bon point. Bien que se passant de nos jours, La La Land nous transporte dans un temps qui nous semblait révolu et cette nostalgie est très, très agréable et pour cela, je remercie Damien Chazelle qui a réussit à me faire apprécier une comédie musicale et m'a emmené dans un univers que je ne pensais pas revoir avec un film d'aujourd'hui.
La La Land est un bon film, surement pas le meilleur de l'année, mais frôle tout de même la perfection sur certains aspects. Il ne tutoie pas West Side Story mais reste, à mon sens, une grande comédie musicale. Pourtant, pas un grand film. Mais je pense que Chazelle a tout de même réussit son paris. On passe de bons moments devant son film, parfois de très bons, mais trop souvent de moins bons. La La Land, c'est un peu comme si Fred Astaire c'était mis à danser des claquettes sur du Ray Charles; c'est beau, mais ça ne colle pas toujours.