«Chevalerie, Bravoure & Honneur»

La Légende de Despereaux est un petit film d’animation sympathique, dans lequel on suit l’histoire du point de vue des rats/souris, notamment à travers Roscuro et Despereaux qui vont nous accompagner à la découverte de ce monde fantastique.

J’aime beaucoup le début du film, qui prend son temps pour bien exposer les personnages et le contexte, et dont le long prologue réussit à se jouer de nous en donnant l’impression que Roscuro sera le personnage principal de l’histoire jusqu’à la naissance de Despereaux où, enfin, la narration se focalise sur ce souriceau hors du commun. La première partie du film est également l’occasion de nous familiariser avec les trois «mondes» atypiques qui se côtoient et qui possèdent chacun leur architecture, leur charme particuliers : le monde des humains, des souris, et enfin des rats.

Bien sûr, que serait un dessin animé sans une pointe de loufoquerie ? Ainsi le film nous présente certains mécanismes extravagants pour préparer la grande soupe du royaume, des scènes de poursuite absurdes et donc amusantes entre les humains et les rats, le monde des souris entièrement constitué d’objets du quotidien qui ont été réutilisés pour fabriquer des demeures élégantes, là où le monde des rats est grossier, chaotique et composé d’ordures… Le film regorge de petites idées visuelles et c’est un point que j’apprécie beaucoup, qui est à même de stimuler l’imagination, d’un enfant comme d’un adulte ! On sent que les réalisateurs se sont faits plaisir à ce niveau-là.

Quant au déroulement de l’histoire, si cela reste assez classique, j’apprécie le traitement des personnages qui évite l’écueil du manichéisme – pas toujours, hélas. Cela se remarque notamment avec Roscuro & la bergère qui, tous deux, vont être amenés à vouloir faire du mal à la princesse car, malgré leur bonne volonté, ils sont rejetés en permanence ce qui, fatalement, va faire germer de la colère et de la jalousie. Pareil pour le maître cordelier, chargé de faire descendre les bannis dans les oubliettes, qui, contrairement à ce qu’on pourrait attendre, est aimable et doux, loin de l’image rustre d’un bourreau. Certes, le film n’exploite pas à son plein potentiel cette ambiguïté qui, d’ailleurs, est résolue à la fin du film, mais cela permet au moins de s’attacher à ces personnages et de suivre leurs aventures avec intérêt.

Certes, comme je l’indiquais, certains personnages sont plus lisses, plus manichéens, comme le chef des rats notamment, qui est un simple méchant lambda, ou même Despereaux, qui est toujours présenté positivement. Mais le cœur de l’écriture de ce film est certainement de ne pas s’arrêter aux stéréotypes et aux apparences, et Despereaux semble l’incarnation de cette idée, lui qui est toujours présenté comme une petite souris au courage démesuré, suivant une devise qui semble résumée en cette simple citation : «Chevalerie, Bravoure et Honneur». Et, de ce point de vue, l’écriture du film est assez intelligente et montre que n’importe qui est capable du meilleur comme du pire.

Inutile d’allonger outre mesure cette critique, l’essentiel a été écrit. La Légende de Despereaux est un film agréable à regarder et qui ne manque pas de qualités. Certes, il reste assez classique, assez prévisible parfois, mais il possède également quelques idées intéressantes qu’il n’hésite pas à développer, mais pas à leur plein potentiel ceci dit. Si vous cherchez un petit film pour une soirée en famille, ma foi, Despereaux me semble un candidat honnête.