Rencard pas très net pour Nick Meurt-on ?

Vingt ans après les premières aventures de Rick, Evelyn et consorts, le reboot de La Momie s’annonçait sous de terribles auspices : certes indirect, l’opus chinois tenait de la conclusion piteuse, tel l’oiseau de mauvais augure ; sous l’égide de la bannière Universal Monsters, les motivations portant le projet se faisaient l’écho de la mode des franchises interconnectées, usuellement cupides comme précipitées, espérant réitérer naïvement le succès du MCU ; enfin, gage d’une réalité concordante, le film fera un four critique (en dépit d’un succès commercial honorable) tandis que le Dark Universe s’avèrera mort-né… plutôt engageant, non ?


La découverte de La Momie, remise au goût du jour, se sera donc faite à reculons, il faut bien l’avouer : mais lorsque la confiance brille aux abonnés absents, la (bonne) surprise n’en est que plus aisée. C’est dans ces conditions que le long-métrage d’Alex Kurtzman s’avère, à défaut d’être un bon divertissement, une production s’en tirant avec les honneurs (toutes proportions gardées) : dans une veine miraculeuse fort différente du coup d’éclat made-in-Sommers, les pérégrinations de Nick Morton et de sa « dulcinée » Ahmanet n’ont rien du blockbuster honteux comme tant de spectateurs le scandent à l’envie.


Que nous ne nous y trompions pas : l’ensemble demeure médiocre, c’est certain. Nullement trépidant, pourvu d’enjeux n’effleurant qu’à grand-peine le tensiomètre, le film s’échine à faire du sérieux en vain : mais, fruit de tant d’efforts, voilà que poins une inespérée teneur nanardesque, chose que l’enrobage « grand public » et les nombreux billets verts du bousin ne pouvaient laisser présager. Aussi, plutôt que de moquer facilement les prétentions « noires » d’un récit jamais crédible, mieux vaut en rire : à ce titre, la figure anti-héroïque au possible qu’est Nick dénote à n’en plus finir dans le sillage d’un Tom Cruise malmené de bout en bout.


Connaissant la trajectoire « avantageuse » de sa carrière, à l’aune d’un contrôle souvent très poussé, semblant de contre-emploi et curiosité sont de mise : qu’il s’agisse de sa propension à la cupidité et la lâcheté (pragmatique), de son rapport peu élogieux aux femmes ou de son absence de prise sur le récit, tout concourt à l’esquisse d’un portrait aux antipodes du « Cruise-hero ». En découle ainsi quelques lignes de dialogues savoureuses dans leur drôle d’innocence, effet s’affermissant à mesure que le bougre essuiera échec sur échec jusqu’au providentiel (et usuel) final.


Toutefois, pour peu que nous nous éloignions un instant du ressort comique involontaire qu’incarne Nick, La Momie dispose d’autres cordes à son arc lui assurant un minimum d’intérêt : enfin, c’est notamment le cas de son cadre européen (Londres) où se déroule l’essentiel de ses péripéties fantastiques. À la croisée des lieux, l’incursion de l'irréel dans un décor familier le place à contre-courant de la précédente trilogie : mieux encore, cela lui permet de ne pas paraître trop ridicule dans ses velléités « horrifiques » (le mot est fort, mais comment le définir autrement ?), au point de carrément accoucher de rares séquences valant le coup d’œil (hallucination dans la ruelle, retour au point de départ du fait d’un inexorable ensorcellement).


Pour le reste, oui, c’est sacrément faiblard : les maigrelettes motivations d’Ahmanet ne lui assureront pas la postérité, le récit est truffé de MacGuffins (un standard pour la franchise, mais quand même) prévisibles, les prétextes et ficelles de tout ordre foisonnent donc, la transformation de Jekyll fait un flop monumental (sérieux, soignez-le, son ulcère est inquiétant), l’acolyte Vail meurt puis ressuscite dans l’anecdotisme le plus total… ajoutez-y des effets visuels davantage grandiloquents qu’impressionnants (et plus globalement une patte formellement sur-calibrée), voici : votre blockbuster oubliable est servi.


Mais n’empêche, quelle franche rigolade, c’est toujours ça de pris.

NiERONiMO
5
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le 21 juil. 2020

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NiERONiMO

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