Je découvre Jack Cardiff réalisateur, après avoir été ébahi à plusieurs reprises par son talent de directeur de la photographie, notamment sur les géniaux Narcisse noir et Les chaussons rouges de Powell et Pressburger. Et donc je dois dire que je ne m'attendais pas du tout à ce genre de film avec la motocyclette, je pensais voir quelque chose d'absolument magnifique, soigné au possible et en fait je me retrouve avec une sorte de film totalement psychédélique et délirant.


Alors ce n'est pas mauvais, loin de là, mais c'est déroutant pour le moins. C'est coloré, nerveux, limite expérimental par moments, l'image devient toute rose, on a des transitions en spirales avec des oiseaux... On sent qu'il a tout donné.


Le film narre donc l'histoire d'une jeune qui veut voir son amant qui lui a offert une moto en cadeau de mariage et tout le film la montre donc chevauchant son destrier, le tout parsemé d'analepses. Je ne vais pas mentir, c'est vraiment bordélique, car on ne comprend pas toujours ce qui est le présent, ce qui est le passé, mais ça fait partie du charme du film, ce côté foutraque, hyper plaisant.


Et quelque part c'est l'air du temps. Le film devait être présenté à Cannes en mai 68, les thèmes tournent autour de la liberté, de l'amour libre et franchement quoi de plus sexy qu'une femme nue dans une combinaison de cuir ? Le sexe là, maintenant, parce qu'on le veut.


Je me demande cependant s'il n'y a pas malgré tout une dimension critique derrière l'objet très pop avec ses couleurs criardes puisque l'héroïne a l'air, il faut bien le dire, totalement conne lorsqu'on la voit parler toute seule, agir inconsciemment sur la route, répéter les techniques apprises par son amant joué par Alain Delon pour prendre un virage, etc. C'est un peu le cliché de la blonde sotte au possible. J'ai senti un cynisme, ou du moins une dose d'ironie, comme si cette femme qui veut s'émanciper de son mari en se jetant dans les bras de son amant macho n'était pas si libre que ça.


En tous cas c'est assez curieux pour valoir le détour à défaut d'être formidable.

Moizi
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le 9 déc. 2017

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