La Passion du Christ par Gondorsky

Polémique (enfin si l'on veut bien se prêter à ce jeu qui ne mène nulle part), sulfureux (illustration très, TRES détaillée de la mort du Christ, donc), le film de Mel Gibson est l'oeuvre de toutes les vanités.

Excessivement visuel, il invente même son propre maniérisme en créant une atmosphère étrange tout le long du chemin de croix et même bien avant, dès la remise de Jésus aux autorités romaines (la sarabande macabre exécutée de loin par Marie, Marie-Madeleine et Jean-Baptiste devient rapidement agaçante).

Cris, sang, sévices divers et variés abusivement dépeints, description très manichéenne des Hébreux (cf. les grands prêtres si foncièrement mauvais que cela se voit sur leurs visages et la foule enragée et assoiffée de sang) et des Romains (dont l'attitude est ambiguë mais pleine de contrition au final), empathie du spectateur télécommandée (ce film est une sorte de prise d'otage, mais on pouvait s'en douter), etc. Autant d'éléments qui le rendent indigeste, voire même pénible.

Jamais, à aucun moment, il ne parvient à être spirituel, à s'élever au-dessus d'une mise en images basique (vulgaire ?) des dernières heures du plus important personnage de la religion chrétienne. Et c'est bien là le problème, balancer à la face du spectateur une oeuvre lourde comme un parpaing alors que le matériau de départ est bien plus noble que ce pitoyable résultat.