On voyait la saga La Planète des Singes comme une anthologie datée reposant uniquement sur un concept et peu sur sa forme. On a volontairement oublié l'essai bariolé d'un Tim Burton désemparé au début des années 2000. Puis on s'est intéressé au reboot/prequel opportuniste de Rupert Wyatt, sorti en 2011 et bien plus maîtrisé qu'il n'y paraissait. Sa suite, deuxième volet d'une trilogie annoncée cette fois-ci mise en scène par Matt Reeves, enfonçait le clou et dévoilait des enjeux dramatiques imposants, faisant clairement la part belle au côté "humain" des protagonistes, paradoxe amusant lorsque ceux-ci sont des primates qui plus est en CGI. Le troisième et dernier film devait boucler la boucle. Matt Reeves l'a fait. Et en beauté.


Les Origines se définissait clairement comme un prequel au film de 1969 avec l'avènement au pouvoir de César, premier singe à avoir dit "non" à l'homme et instigateur de la révolte simiesque. Pourtant, L'Affrontement a décidé de ne pas faire un remake du film de Schaffner mais de se créer sa propre mythologie en dévoilant l'aftermath de la révolte, une terre désolée où humains et singes vivent dans de petites sociétés recluses. Cette Suprématie nous présente ainsi les réelles conséquences de la grippe simiesque : l'homme est incapable de vivre en harmonie, obligé de chercher le conflit pour exister, de détruire pour construire, de haïr pour aimer. Une manière de vivre que réfute César, ex-révolutionnaire devenu chef de clan respecté et père de famille aimant, qui ne veut pas s'abaisser à ces êtres au final primitifs.


Délaissant les scènes d'action spectaculaires au profit de séquences dramatiques poignantes, d'un rythme incroyablement soutenu et d'une justesse dans le jeu d'acteurs tout simplement sidérant (les singes en premier lieu), Matt Reeves signe ici son chef-d'œuvre, ayant totalement pris les bases de la saga pour en exploiter le jus jusqu'à la dernière goutte. Nanti d'un scénario intelligent, le réalisateur livre une mise en scène somptueuse, dépassant une fois encore les limites des effets spéciaux en nous entraînant, singes comme spectateurs, dans une époque sordide et enneigée, à travers des plans pour le moins iconiques.


Nous n'avons clairement plus affaire à un simple blockbuster estival où ça pétarade de partout mais bel et bien à une œuvre cinématographique dense et poétique, parfois triste, parfois très drôle (l'ajout du nouveau venu "Bad Ape" est une réussite), toujours sérieuse et sans artifices inutiles, les effets spéciaux étant finalement très discrets hormis la pléthore de CGI confectionnant les protagonistes principaux dans les moindres détails. Empruntant autant au western qu'au survival en passant par le film d'évasion, La Planète des Singes: Suprématie est une totale réussite, un long-métrage époustouflant et sous-estimé, qui prend peu à peu sa place parmi les meilleurs films du genre.

MalevolentReviews
9

Créée

le 11 mai 2019

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