Pour un cinéaste, il n'est jamais évident de rebondir après un triomphe critique et commercial, et c'est ce qui est arrivé à Xavier Beauvois avec ce film, qui vient après le formidable Des hommes et des dieux.
S'inspirant d'une histoire vraie, à savoir deux bandits qui avaient déterré le cercueil de Charles Chaplin pour exiger une rançon auprès de la famille, le résultat est au mieux bancal, au pire consternant.


Déjà par les deux acteurs principaux, Roschdy Zem et Benoit Poelvoorde, qui sont d'un triste aussi important que le paysage, et qui restent du début à la fin aussi minables et petits. L'un veut cette rançon pour payer une opération de la hanche à sa femme, qui croit qu'elle va en mourir (nullissime Nadine Labaki), et l'autre pour s'enrichir après sa sortie de prison. Il y a le côté moralisateur avec la fille de Zem qui leur répète sans arrêt que ce qu'ils font n'est pas bien, et Chiara Mastroianni qui semble se demander où elle est tombée.
Mais le plus grave reste que ça n'a pas l'ombre d'un début d'idée d'un hommage réussi à Chaplin ; au mieux, c'est un extrait d'un court-métrage, et au pire, la scène de tribunal à la fin où l'avocat cite les noms de ses films en reprenant la situation des deux personnages. Sans oublier Poelvoorde qui se déguise en Charlot ; c'est vraiment l'idée zéro de l'hommage.


Je ne comprends pas ce qui est arrivé à Beauvois pour qu'il perde ainsi la flamme Du petit lieutenant et de son film précédent pour être autant à côté de la plaque. Je ne voudrais pas non accabler le pauvre Michel Legrand, qui est lui dans l'inspiration Chaplinesque, mais dont la musique est incessante. Et sur près de deux heures, je peux vous dire qu'on a envie de baisser le son...
Au fond, que reste-t-il ? Les quelques scènes dans la demeure familiale de Vevey, où vécut Chaplin les dernières années de sa vie, où on a d'ailleurs la présence d'une de ses petites-filles... et c'est tout.


On peut même parler d'accident industriel à ce niveau alors que Beauvois avait de l'or entre les mains.

Boubakar
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le 20 févr. 2019

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