J'aurais voulu mettre plus, et si je ne prends en compte que mon émotion, j'aurais mis au moins 6 ou 7. Mais l'émotion est un formidable trompe-l’œil - quand ça nous arrange du moins. Je vais tenter de l'expliquer rapidement, et sans faire référence à des films français avec une jeunesse difficile ou à Mommy. Saluons les performances de Rod Paradot (il a encore tout à apprendre, mais c'est pas mal sans être transcendant) et Sara Forestier (une grande actrice française ignorée du plus grand nombre, à la sauce Emilie Dequenne, notamment célébrée pour son apparition nue dans les bouches d'un métro - et seulement d'un métro - c'est lourd - bonne soirée.).
5 parce que les clichés. Parce que l'éducateur qui a vécu la même situation, parce que Deneuve en juge implacable mais qui finalement a du cœur (elle est tellement caricaturale et sans émotions, comment on peut être une grande dame comme elle et être encore plus indéchiffrable que dans le passé), parce que la jeunesse désœuvrée, parce que, malgré les actes odieux du garçon, le monde semble parfois tout rose tant je pense qu'en vrai, il aurait eu beaucoup plus de mal à s'en sortir et à faire le quart de ce qu'il a fait. Bref, c'est romancé à outrance. Et un film sur un sujet aussi difficile ne peut être romancé.
5 parce que la situation n'évolue pas. Parce que notre jeune homme va s'en remettre à un événement totalement hasardeux, à la toute fin, pour grandir et enfin mûrir. Ca ne m'aurait pas dérangé mais le souci étant que de la première minute jusqu'à sa prise de conscience à la fin, nous avons une suite de scènes, toutes du même acabit, avec la même violence, les mêmes mots, les mêmes maux. J'aime quand ça se dégrade, quand ça s'améliore, pas quand il y a un haut, un bas, un haut, un bas, en suivant toujours les mêmes codes, les mêmes cris, les mêmes larmes.
5 parce que Benoît Magimel est un type que j'aime beaucoup, mais qui aurait très bien pu être remplacé par un Reda Kateb. 5 parce que le film manque d'abus, de violence, de malaises, la réalisation est trop propre, les partis pris trop sobres. J'aurais aimé être touché comme les personnages furent touchés pendant le film.
Au final, La Tête haute est un film qui mérite ses louanges, car il a d'énormes qualités et le sujet est difficile. Emmanuelle Bercot monte totalement depuis Polisse pour moi. Sa sensibilité est à suivre et à mettre au service d'un cinéma moins classique.