Vers la partie 1 : https://www.senscritique.com/livre/La_vague/critique/92849561
Partie 2 : Le film (de 2005)
Quitte à ne pas y aller par quatre chemins, autant dire que la réappropriation du concept de la Troisième vague par Dennis Gansel respecte la matière d’origine… à sa manière.
On s’écarte cependant du propos général orienté vers le fascisme, qui se généralise vers le principe politique autocratique. Le principe de l’expérience ne va plus exactement vers la reproduction du 3ème Reich (la suppression de l’adjectif « Troisième » précédant le substantif Vague parle de lui-même), mais vers le fascisme dans une perspective anhistorique. Ce n’est plus un régime politique particulier qui passe sous le crible de la critique, c’est un système politique pris dans ses rouages mêmes.
C’est notamment le reproche principal que l’on peut faire à cette adaptation : elle oblitère quelque peu la substance originelle de l’expérience de Ron Jones. Si le message est clair, la restitution des symboles se fait trop vague : l’uniforme n’est pas assez strict, la dénonciation et la paranoïa sont tout simplement absents, le nom du mouvement est raccourci et n’évoque plus grand-chose de précis, le salut quant à lui n’évoque clairement pas le salut nazi… Si les référents sont clairs, le référé est privé de suffisamment de substance en somme.
Ce que le récit accomplit en revanche particulièrement bien, c’est l’établissement d’un pathos à l’égard du tourbillon d’événements dans lequel cette jeunesse potentiellement hitlérienne est emballé. Ce qu’il fait efficacement assez tardivement nonobstant, avec un côté moral assez mal à propos. Les réactions finales sont cependant à saluer, même si le suicide de Tim peut s’avérer excessif.
On sait que le projet de Dennis Gansel n’était pas de faire un documentaire sur l’expérience de Ron Jones, mais s’inspirant de celle-ci, on se serait attendu à un respect un peu plus poussé de certains codes. Ce que la mise en scène ne restitue malheureusement pas.