Méta film mettant en abyme la question du jeu de l'acteur en opposition avec le sentir vrai, et indirectement les apparences contre la réalité et le mensonge de la création contre la vérité, le dernier film de Kore-eda n'est pas sans rappeler The third murder - où l'accent est posé sur la dualité du verbe, à la fois transcription de la réalité mais aussi fiction, invention, recréation de la réalité..
Fort de son dernier succès à Cannes où il a pu enrichir son carnet d'adresses, Kore-eda se fait plaisir en réunissant du joli monde avec la vérité, nouvelle variation sur la famille, mais lâche la bride au film social (Nobody knows, Tel père, tel fils, après la tempête, une affaire de famille). Ici Binoche et Deneuve s'affrontent après qu'il leur a donné leurs armes respectives, pendant qu'il jouit tranquillement du spectacle assis sur son fauteuil de réalisateur, tel un empereur romain au cirque. La trame est écrite, il n'y a plus qu'à laisser faire, le reste vient tout seul, naturellement – le talent s'exerce sans qu'il ait à le pousser. Hommage à la France, à son tempérament et à ses actrices, Kore-eda offre surtout un film à Deneuve comme on offre une palme d'honneur pour services rendus à l'art cinématographique. Et elle ne décline pas l'invitation, au contraire, elle démontre qu'elle la mérite. Puis elle aussi elle s'amuse dans ce jeu de miroirs qui se dédouble, voire se triple, dans lequel elle apparaît comme un poisson dans l'eau.
Un film fluide, intelligent car induisant la réflexion, où le réalisateur s'efface humblement derrière ses actrices auxquelles il offre cette rose automnale.