La Classe ouvrière va au paradis par Teklow13
A première vu il s'agit d'une satire féroce, un film militant et contestataire sur le milieu ouvrier, le monde du travail industriel. Gian Maria Volonte y joue un ouvrier modèle, acharné au travail, qui, après s'être un jour coupé un doigt au travail, change de position sur sa condition et rentre dans la lutte.
C'est la première façade. Mais le film est aussi, et surtout selon moi, un film sur l'oppression engendré par le bruit. C'est un film d'une fureur sonore rarement égalé, un brouhaha qui noie complètement les personnages. Et de fait c'est un film sur l'incommunicabilité, l'impossibilité de s'exprimer dans un monde bruyant. Lulu, Volonte, évolue entre les bruits stridents des machines, les hurlements des syndicalistes, les cris des ouvriers et ceux de sa femme, les bruits des éléments du quotidien. Lui-même hurle en permanence. Et la musique de Morricone également.
Au centre du film il y a une scène, qui ressort complètement du reste car le bruit s'estompe un peu. Lulu est avec une fille ouvrière, ils sont dans une usine désaffectée et tentent de faire l'amour dans une voiture étriquée. C'est peut être la scène la plus dérangeante d'un film qui l'est constamment. Car ici les personnages sont face à face, leur parole n'est pas gênée par un son extérieur, mais du coup le dialogue instauré est d'un malaise très gênant.
Le film de Petri est donc un objet épuisant, fatigant, pénible, vraiment pas aimable et on en ressort un peu écœuré. Pourtant, après réflexion, et malgré quand même des excès également dans la mise en scène (abus de gros plans) qui auraient dû être évité, c'est plutôt intéressant.