A 65 ans, Jep Gambardella est un critique d'art contemporain qui vit en véritable séducteur mondain la nuit tombée. A l'heure où les uns se lèvent à l'aube, lui part se coucher sous le regard amusé de sa femme de ménage. Pourtant, il sent que sa vie est en complète liquéfaction ; auteur d'un seul best seller durant sa jeunesse, il n'a de cesse de courir contre l’inspiration, l'envie de créer une nouvelle oeuvre, mais il recherche en lui où se trouve la fameuse Grande Bellezza, cette grande beauté...
Bien que le film date de 2014, on aurait très pu imaginer Fellini tirer une fausse suite de Roma ou 8 1/2, avec un Marcello Mastroianni vieillissant, et ça donnerait ce film-là, où Paolo Sorrentino retrouve son acteur fétiche, l'éblouissant Toni Servillo, un acteur qui bouffe la caméra.
On le suit de tous les plans, trainant son allure nonchalante dans un Rome magnifiquement filmé, que Servillo filme toujours en majesté, comme si c'était la plus belle ville du monde.
D'ailleurs, l'introduction du film donne le ton ; peut-on mourir devant tant de beauté ?
Après, sa frénésie peut être parfois fatigante, à multiplier les plans sans arrêt, mais il y a là un appétit à filmer, à sublimer la beauté (qu'elle soit artistique, ou corporelle avec ces sublimes corps féminins), et bien entendu Toni Servillo, que c'en est roboratif ; c'est délicieux, mais l'excès guette.
Heureusement, il se calme de temps en temps, pour parler du spleen dans lequel vit Jep, même quand il rencontre une espère de mère Teresa, car pour lui, seule compte la question ; qu'est-ce que la grande beauté ?
J'avoue que ce film m'a plu, car c'est aussi parce que je ne savais pas du tout de quoi il en retournait. Mais l'ombre excessive de Federico Fellini plane sur l'ombre de Toni Servillo...