Du beau et du grand, on n'en voit guère à l'écran durant plus de 140 minutes sauf à considérer jolie une esthétique clinquante et frimeuse et importante l'interrogation existentielle à 65 ans d'un mondain revenu de tout dont le seul titre de gloire réside en l'écriture d'un unique livre qui lui valut un énorme succès. Lassé des fêtes qui peuplent son existence et des conversations vides de ses amis, l'écrivain pense à son passé, cette époque napolitaine où il n'était pas encore devenu cet homme blasé, gentiment cynique et franchement désabusé.
Beau sujet qu'une fois le réalisateur italien traite sans point de vue, dans une mise en scène déceptive qui prouve constamment qu'il ne sait pas réellement quoi en faire, se contentant d'enchainer des séquences plus ou moins étirées sans jamais donner l'impression que son héros progresse d'un iota dans sa prise de conscience dont on aimerait voir à l'image les conséquences. Dans une Rome des palais, phagocytée par une caste d'artistes et intellectuels passablement démodés, formant une arrière-garde accrochée désespérément à ses prébendes, le réalisateur de Il Divo lorgne avec une prétention et un manque de discrétion criants du côté des ses aînés, Federico Fellini et Ettore Scola. Là où ces derniers instillaient de la magie, de la poésie et de l'élégance dans leurs œuvres, Paolo Sorrentino se limite à saupoudrer son très long et laborieux film de vulgarité, de fascination gênante et de mépris sous-jacent dans une débauche d'effets à peu près inutiles.
Filmer la vacuité existentielle amène-t-il obligatoirement à être ennuyeux et vide, ostentatoire et vulgaire, c'est là toute la question à laquelle il faut hélas ici répondre par l'affirmative.